Avec notre correspondante à Moscou, Muriel Pomponne
C'est dans la localité russe de Donetsk, homonyme de la ville de l'est de l'Ukraine, qu'ont lieu ce mardi, les audiences publiques du procès de Nadejda Savtchenko. Les autorités russes ont préféré cette ville difficile d'accès, située à la frontière de l'Ukraine, à la capitale russe Moscou, où les audiences auraient eu un retentissement plus important. L'appel des avocats n'a pas été entendu. De toute façon, pour ses avocats, comme d'ailleurs pour de nombreuses organisations de défense des droits de l'homme, il s'agit d'un procès politique.
La pilote ukrainienne, fervente patriote, est pour les Russes le symbole par excellence de ce qu'ils appellent la junte de Kiev. Les Russes ne lui reconnaissent pas le statut de prisonnier de guerre. Elle est accusée d'un crime de droit commun. Mais elle est aussi une prisonnière qui ne peut pas passer inaperçue à l'étranger. En effet, elle a été élue députée du parlement ukrainien il y a un an, alors qu'elle était déjà en captivité. Et ce Parlement l'a désignée représentante de l’Ukraine à l'Assemblée parlementaire du conseil de l'Europe, qui se tient à Strasbourg.
Depuis, cette Assemblée ne cesse de demander sa libération afin qu'elle puisse siéger. Comme mesure de rétorsion, la participation des Russes à cette Assemblée a été suspendue. L'affaire Savtchenko n'est donc pas seulement une affaire entre l'Ukraine et la Russie, c'est aussi une affaire entre la Russie et l'Europe.