Instauration d'un salaire minimum en Birmanie

Pour la première fois un salaire minimum est instauré en Birmanie et doit entrer en vigueur mardi 1er septembre. En dépit de cela, le salaire minimum birman reste très inférieur à celui des autres pays de la zone.

Avec notre correspondant à Rangoon,  Rémy Favre

C’était une revendication que portaient les travailleurs birmans depuis deux années. La fixation d’un salaire minimum c’est chose faite depuis samedi. La Birmanie prévoit de payer les travailleurs 3600 kyats pour une journée de huit heures de travail soit environ 2,50 euros. C’est une avancée pour de nombreux travailleurs, mais qui, en définitive, concerne une petite partie de la population active.

Ils ont presque obtenu ce qu’ils réclamaient. Les syndicats voulaient un salaire minimum de 4000 kyats par jour, soit environ 2,80 euros. Le salaire minimum a été obtenu après des manifestations ouvrières depuis le début de l'année et sous la pression des investisseurs occidentaux qui s'implantent nombreux en Birmanie depuis l'ouverture politique de 2011. Finalement, les patrons et le gouvernement ont accepté de porter la rémunération minimale journalière à 3600 kyats, légèrement en deçà des exigences des travailleurs. Ce plancher de rémunération reste aussi très inférieur au salaire minimum pratiqué dans la Thaïlande voisine, qui est de sept euros par jour.

Mais cette décision aura finalement peu d’impact pour la population, du moins dans l’immédiat. Car les sociétés de moins de quinze salariés et les entreprises familiales n’auront pas à respecter cette nouvelle législation. Or, en Birmanie, près des trois quarts de la population active travaillent dans le secteur informel d’après une étude de la Banque mondiale menée l’an dernier. Un employé sur sept exerce dans une entreprise familiale.

La fixation du salaire minimum concernera surtout le secteur du textile en Birmanie. Un secteur dominé par des entreprises chinoises et coréennes et qui est en pleine expansion depuis la levée des sanctions économiques occidentales sur la Birmanie il y a trois ans. Près de 200 000 personnes, dont 90% de femmes, travaillent dans les quelque 300 usines de textile en Birmanie.

Depuis la catastrophe du Rana Plaza au Bangladesh en 2013 qui a fait plus de 1000 morts parmi les ouvriers, les marques qui font fabriquer en Birmanie comme Adidas, H&M ou encore Gap, encouragent l'amélioration des conditions de travail dans les pays où elles sont présentes.

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