Des niveaux de cyanure jusqu'à 356 fois supérieurs au seuil de tolérance ont été relevés près du site des explosions survenues à Tianjin la semaine dernière, annoncent les autorités locales. Un niveau excessif de cette poudre cristalline a été détecté dans « huit points d'eau » à l'intérieur de la zone d'isolement délimitée autour du lieu des déflagrations. Une précision qu'apporte le Bureau de protection environnementale de cette ville de 15 millions d'habitants.
La municipalité se veut rassurante. « Toute l'eau polluée est contenue à l'intérieur de la zone d'isolement », déclare un officiel. Une eau qui, comme l'air, reste « sans danger » ajoute la mairie. L'organisation non gouvernementale Greenpeace se montre plus sceptique. Elle réclame la poursuite des tests.
Les craintes d'une contamination de grande ampleur restent importantes, en raison notamment de la pluie tombée en début de semaine. L'entrepôt de produits chimiques où la double explosion s'est produite contenait 700 tonnes de cyanure. Un composant hautement toxique qui peut libérer un gaz asphyxiant, voire mortel, en cas d'exposition prolongée.
Peut-on réduire les taux de cyanure ?
Selon le chimiste Philippe Garrigues, directeur de l'Institut des sciences moléculaires à l'université de Bordeaux et directeur de recherche au CNRS, c'est à la fois les processus naturels et l'action de l'homme qui peuvent contribuer à réduire les niveaux de cyanure constatés. « Dans la nature, il y a bien sûr des systèmes de biodégradation par des bactéries et des organismes microbiens qui vont se mettre en place et vont certainement diminuer le taux. Il peut aussi y avoir une potentielle évaporation, bien que les cyanures, quand ils sont dans l’eau, ont assez peu tendance à se volatiliser », explique le chimiste.
Pour nettoyer une eau qui contient du cyanure, on peut utiliser le peroxyde d’hydrogène (de l’eau oxygénée) et l’on peut aussi recourir à des techniques d’épuration. Ces techniques sont connues, mais pour des milieux relativement confinés. Ce qui n'est pas le cas à Tianjin. « On est dans un milieu totalement ouvert, les cyanures ont dû certainement déjà faire leur chemin. On ne peut pas s’amuser à mettre des produits d’oxydation comme cela dans le milieu naturel », souligne Philippe Garrigues.
Par ailleurs, précise le spécialiste, certaines études ont montré que dans des zones qui avaient été contaminées par des cyanures les eaux souterraines n’avaient quasiment jamais été affectées, du fait d’une biodégradation importante dans les sols.