Le ministre thaïlandais de la Défense a déclaré que les auteurs de l'attentat avaient clairement ciblé les étrangers, pour porter atteinte au tourisme et à l'économie du pays. « Nous allons les pourchasser », a-t-il lancé, d'un ton très ferme. Mais pour l'instant, les autorités de Bangkok sont réduites à des hypothèses. La violence de l'attentat ne fait pas de doute : trois kilos de TNT ont explosé et un dispositif électronique a été retrouvé à une trentaine de mètres du lieu de l'explosion. Il aurait pu servir à déclencher l'explosion.
Selon Sophie Boisseau du Rocher, chercheur à I'Institut français des relations internationales, dans cette attaque, plus que le secteur touristique, c'est l'image de la Thaïlande qui est en jeu. « Le secteur touristique est important mais n’est pas stratégique en Thaïlande par rapport à d’autres secteurs comme l’industrie ou les services. (…) C’est sur le plan symbolique qu’il faut peut-être chercher une réponse à ces questions parce que ces attentats jettent un nouveau discrédit sur la junte qui est au pouvoir depuis maintenant quinze mois et qui ne parvient pas à régler le problème. Au fond, c’est l’image de la Thaïlande qui est un peu plus écornée par ce terrible attentat », analyse-t-elle.
Pas de précédent à Bangkok
Mais qui donc a pu commettre cette attaque ? Une question à laquelle les autorités de Bangkok ont du mal à répondre, d'autant plus que l'attentat n'a pas été revendiqué et qu’il n'existe pas de précédent. Jamais une attaque à cette échelle n'a été commise dans la capitale thaïlandaise. En effet, les insurgés musulmans du sud du pays n'ont jamais attaqué Bangkok auparavant et il y a très peu de liens connus entre des factions thaïlandaises et des groupes terroristes comme l’organisation de l’Etat islamique.
Et si l'agitation politique interne a bien été la source de quelques attaques à la bombe, elles n’étaient pas de cette envergure. « La Thaïlande est toujours polarisée entre ceux qui soutiennent d’une part le gouvernement du général Prayuth Chan-ocha et ceux qui contestent les méthodes employées par la junte militaire. L’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra lui-même (…) a appelé l’opposition à rejeter le projet de Constitution qui doit être soumis au Conseil de la réforme nationale, le 7 septembre prochain. Un véritable bras de fer est en train de reprendre », décrypte Sophie Boisseau du Rocher. « De plus, alors que le général Prayuth Chan-ocha avait lui-même annoncé à grands cris qu’il voulait lutter contre la corruption et le népotisme, il a l’intention de nommer au poste très convoité de chef des armées son propre frère. Il y a véritablement deux points deux mesures et cette situation est de moins en moins tolérée par les Thaïlandais. Mais de là à dire que c’est l’opposition qui est derrière l’attaque, il faut rester très prudent », conclut-elle.