En Thaïlande, des «citoyens résistants» défient la junte militaire

En Thaïlande, l’opinion commence à se retourner contre la junte militaire qui dirige le pays depuis le coup d’Etat de mai de l’an dernier. La mise en place d’une Constitution favorisant un régime autocratique déçoit une portion de plus en plus importante des Thaïlandais. Certains d’entre eux utilisent les ressources d’Internet pour mener une campagne de dérision et de dénigrement à l’encontre des autorités militaires et de leurs alliés bureaucrates. C’est le cas d’un groupe baptisé les « citoyens résistants ».

Les « citoyens résistants » sont un mélange d’avocats qui défendent les droits de l’homme, d’artistes et de simples citoyens qui veulent exprimer leur rejet du régime dirigé par le général putschiste Prayuth Chan-ocha. Ils ont lancé leur page Facebook le 31 janvier dernier avec pour logo un poing brandi au sommet d’une vague.

Depuis, ils postent sur cette page et sur le canal Youtube des vidéos qui se moquent de la junte et du gouvernement pro-militaire. Ils y annoncent des actions coups de poing pour signifier leur opposition au régime. Ainsi, début février, le groupe a posté sur Youtube une parodie de chanson romantique thaïlandaise, où un militaire tente de séduire une jolie provinciale pour la dissuader de voter.

Le jour de la Saint Valentin, les citoyens résistants ont aussi organisé une élection fictive dans le centre de Bangkok pour commémorer les élections du 2 février de l’an dernier, bloquées par les opposants au gouvernement d’alors, puis annulées par un tribunal. Le week-end dernier, un membre du groupe, dont le fils a été tué par les militaires lors de manifestations en 2010, a entamé une marche à travers Bangkok pour appeler à plus de justice. A chaque fois, le détail des actions est annoncé sur Internet.

Une répression contre-productive ?

Face à ce défi lancé au régime militaire, les autorités n’ont pas réussi à fermer la page Facebook, car les opérateurs étrangers du réseau social ont refusé de collaborer avec la junte. Leur seul recours est donc d’essayer de bloquer sur le terrain les actions dès qu’elles sont lancées.

Quatre personnes du groupe ont déjà été arrêtées et doivent passer devant un tribunal militaire. Mais cela ne semble pas dissuader les « citoyens résistants », dont la page Facebook ne cesse de gagner des fans. Elle en est pour l’instant à près de 20 000. La répression semble contre-productive : plus le régime militaire essaie d’étouffer les actions du mouvement, plus celui-ci attire des partisans.

Partager :