Le lieutenant-général Manas fait figure d'exception. Il reste pour le moment le seul militaire accusé de trafic d'être humains. Il a occupé ces dernières années plusieurs postes de direction dans le sud de la Thaïlande, notamment dans la région de Songkhla, frontalière de la Malaisie et centre du trafic de migrants.
Ces inculpations ne sont pas un hasard. Elles interviennent deux jours avant la publication d'un rapport annuel du département d'Etat américain sur le trafic humain. Une sorte de classement des pays qui ne combattent pas suffisamment ce problème. Dans ce contexte, la Thaïlande a voulu montrer qu'elle ne transigerait pas avec les trafiquants d'être humain.
En mai dernier déjà, sous la pression internationale, Bangkok avait démantelé plusieurs filières. L'opération a désorganisé les passeurs qui ont abandonné en mer des milliers de migrants, en majorité des exilés du Bangladesh et de Birmanie, dont les Rohingyas, une minorité ethnique musulmane persécutée par la majorité bouddhiste.
Ces dernières années, la Thaïlande a régressé dans le classement américain sur les trafics de personnes. Elle est accusée de ne pas faire assez d'efforts pour lutter contre le trafic. Le scandale suite à la découverte de dizaines de camps et de fosses communes renfermant les dépouilles de migrants dans la jungle à la frontière avec la Malaisie risque de porter un coup sévère aux autorités thaïlandaises.
Les 72 inculpations ce vendredi arrivent donc à point nommé. Bangkok veut à tout prix améliorer son image et montrer sa volonté politique de s'attaquer au problème que constitue le trafic d'êtres humains.