Avec notre correspondante à Singapour, Colombe Prins
A quelques centaines de mètres de la frontière avec la Thaïlande, dans la jungle malaisienne, 139 fosses communes et 28 camps abandonnés ont été découverts par les autorités locales.
La police est toujours en train d’exhumer les dépouilles. Un des camps a semble-t-il pu abriter jusqu’à 300 migrants. Le bilan des prochains jours pourrait donc être lourd pour la Malaisie.
A l’heure actuelle, les autorités malaisiennes n’ont pas encore confirmé l’identité des victimes mais il s’agirait probablement de Rohingyas de Birmanie et de Bangladais. Sur place, la police a également découvert des chaussures d’enfants et des ours en peluche, laissant supposer que des femmes et des enfants étaient présents dans ces camps de détention.
L’un des charniers se trouve à une centaine de mètres de là où avaient été déterrés 33 cadavres de migrants début mai sur le sol thaïlandais, déclenchant ainsi une vaste opération de police contre les filières d’immigration clandestine.
Trouver les responsables
Ces découvertes viennent confirmer le caractère tragique du trafic d'êtres humains en Asie du Sud-Est. Ce lundi matin, le Premier ministre malaisien s’est dit « profondément préoccupé » par la découverte de ces charniers. « Nous trouverons les responsables », a-t-il posté sur Twitter.
Pour Phil Robertson, le directeur de Human Rights Watch pour la région Asie, toute la lumière doit être faite pour retrouver les responsables. « Il est très important que l'opinion publique en Thaïlande et en Malaisie reconnaisse et comprenne l'implication des cartels dans ces opérations de trafic d'êtres humains. Ces cartels contrôlent les migrants et demandent des rançons pour des personnes retenues dans des camps de détention. Les responsables viennent de Birmanie et du Bangladesh, mais il y a aussi des Malaisiens qui ont été impliqués dans ces activités criminelles », a-t-il expliqué au micro d'Alexandra Waldhorn, du service anglais de RFI.
« Nous espérons que la Malaisie fera tout son possible pour mener des enquêtes et pour retrouver les responsables afin de les arrêter et de les poursuivre en justice, peu importe leur position ou leur statut social. En fait, nous craignons que le scénario thaïlandais ne se répète : en Thaïlande seuls des hommes politiques locaux et des policiers locaux ont été arrêtés dans la région frontalière alors que des personnes haut placées, notamment au sein de l'armée, n'ont pas été tenues pour responsable. Pourtant il est très probable que certaines d'entre elles soient impliquées », a-t-il poursuivi.
RFI