Nucléaire iranien: Kerry prêt à «mettre fin» aux négociations

A Vienne, après la réunion de ce jeudi 9 juillet dans la matinée des principaux chefs de la diplomatie, les négociations ont continué toute la journée et devraient se poursuivre toute la nuit, selon le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Une perspective qui pourrait compromettre un examen en accéléré de l’accord par le Congrès américain. Pire, le secrétaire d'Etat américain a averti qu'il se disait prêt à « mettre fin » aux négociations.

À Vienne, les discussions se poursuivent âprement pour aboutir enfin à un accord, et les échanges téléphoniques entre les différents protagonistes se sont prolongés bien au-delà de la réunion de ce matin entre le P5+1 (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie, Chine, France et Allemagne) et l’Iran.

Elles risquent même de durer toute la nuit, si l’on en croit Laurent Fabius, qui affirme qu’« il y a des problèmes qui sont encore difficiles à régler », même si« les choses vont tout de même dans le bon sens. » Le ministre français des Affaires a ensuite précisé : « Dans ces conditions, j'ai décidé de rester pour travailler cette nuit et demain matin et j'espère que nous allons pouvoir parcourir les mètres qui restent à parcourir ». Une petite phrase qui n’est pas sans conséquence outre-Atlantique. Un accord signé dans les prochaines heures aurait en effet pu permettre un examen accéléré par le Congrès américain.

Un « jour sans fin »

À l’issue de cette énième et éprouvante journée de discussions, qu’il a lui-même qualifiée de « jour sans fin », John Kerry a fait une déclaration plus pessimiste. Le secrétaire d'Etat américain a affirmé qu’« on ne se précipitera pas vers un accord », laissant entendre que la perspective d’un accord imminent semblait encore une fois s’éloigner. Kerry se dit même prêt, si nécessaire, à « mettre fin » aux négociations. « Nous sommes ici, car nous pensons que nous faisons de véritables progrès », a-t-il néanmoins précisé, ajoutant : « Nous ne serons pas mis sous pression. »

Selon notre envoyé spécial à Vienne Sami Boukhelifa, ce message a en réalité un double sens. le premier est un coup de pression adressé aux Iraniens. Le secrétaire d'Etat américain leur dit clairement : « Nous n'allons pas rester indéfiniment à la table des négociations. » L'horloge tourne et les enjeux sont cruciaux, mais il est temps de prendre sa décision. Il faut conclure ou accepter un éventuel échec.

« On ne se laissera pas bousculer »

Le second message vise les détracteurs de cet accord. Au sein du Congrès américain, ils sont nombreux dans l'opposition, dans le camp républicain, à ne pas souhaiter une normalisation avec l'Iran, et sont très critiques à l'égard de ces négociations qu'ils jugent interminables. À eux, John Kerry précise qu'il ne compte pas se laisser impressionner. « Nous sommes concentrés sur la qualité de l'accord. Voilà ce qui continuera à définir notre travail.[...] On ne se laissera bousculer sur aucun de ces sujets », a ajouté le secrétaire d'Etat américain.

Son homologue iranien, Mohammed Javad Zarif, a fait au même moment une déclaration identique, précisant qu'il resterait à Vienne aussi longtemps que possible. Alors qu'un haut responsale iranien a accusé les puissances occidentales de changer de position en cours de négociation. Quant à la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, elle a précisé que si des décisions importantes ne sont pas prises dans les heures qui viennent, il n'y aura pas d'accord. « L'heure de vérité viendra très vite », a-t-elle déclaré. Ces négociations risquent donc de durer encore un peu de temps. Cette nuit est décisive. Une nuit blanche, une nuit de travail qui sera peut être la dernière.

Plus pragmatique, la Maison Blanche a annoncé que les négociations sur le programme nucléaire iranien pouvaient même se poursuivre au-delà de la date butoir « tant qu'il y a une véritable intention de combler les divergences de la part de Téhéran et des grandes puissances ».

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