Visite historique de l'opposante birmane Aung San Suu Kyi à Pékin

La Chine déroule le tapis rouge pour Aung San Suu Kyi. La chef de l’opposition birmane entame ce mercredi 10 juin 2015 une visite officielle de cinq jours, jusqu’au 14 juin, à l’invitation du Parti communiste chinois. La lauréate 1991 du prix Nobel de la paix rencontrera le président Xi Jinping et le Premier ministre Li Keqiang. C'est la première fois qu’Aung San Suu Kyi est reçue à Pékin. La Chine était le principal allié de la junte militaire en Birmanie.

Avec notre correspondante en Chine,  Delphine Sureau

Cette visite est une première historique. Elle montre que les relations entre la Chine et la Birmanie ont bien changé. Pendant longtemps, Pékin a été le principal soutien de la junte militaire birmane. Rangoon est devenu très dépendant des investissements chinois quand les Etats-Unis et l’Europe imposaient à la Birmanie des sanctions économiques pour protester, justement, contre la détention d’Aung San Suu Kyi.

Mais depuis la dissolution de la junte en 2011, et la transition démocratique, les intérêts chinois en Birmanie sont malmenés. La construction d’un immense barrage impopulaire auprès de la population est à l’arrêt, tout comme l’exploitation d’une mine de cuivre. S’ajoutent à cela des combats à la frontière sino-birmane entre l’armée et la guérilla du Kokang. Des combats qui entrainent l’exode vers la Chine de milliers de civils, et des morts : quatre paysans chinois ont été tués en mars dernier par une bombe larguée par un avion birman.

Aung San Suu Kyi parlera-t-elle de Liu Xiaobo au président Xi ?

La Chine est capable de changer de position si cela sert ses intérêts. Les élections législatives de novembre en Birmanie s’annoncent très positives pour le parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie. Il faut donc renforcer les liens de partis à parti, comme l'explique la presse officielle chinoise, qui en profite pour souligner au passage la tolérance du Parti communiste. En recevant l’opposante, Pékin cherche enfin à protéger sa zone d’influence face aux Etats-Unis de plus en plus présents en Birmanie.

Aung San Suu Kyi est prix Nobel de la paix, tout comme le Chinois Liu Xiaobo, emprisonné depuis 2009. Les défenseurs des droits de l’homme poussent la Birmane à aborder le cas de Liu Xiaobo lors de ses rencontres avec le président Xi Jinping et le Premier ministre Li Keqiang. Le fera-t-elle ? Dans tous les cas, on aura du mal à le savoir, car si Pékin a déroulé le tapis rouge pour l’opposante birmane, la presse étrangère, elle, n’est pas conviée aux moments clés de cette visite.

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