Menacée, l'écrivaine bangladaise Taslima Nasreen quitte l'Inde

Après avoir reçu des menaces de mort, proférées par des islamistes soupçonnés d'être derrière les meurtres de blogueurs dans son pays d'origine, la romancière bangladaise Taslima Nasreen, 52 ans, a quitté l'Inde en direction des Etats-Unis. Elle ne se sentait plus en sécurité à New Delhi.

Gynécologue de formation mais surtout écrivain, Taslima Nasreen s'était exilée du Bangladesh en 1994. Après avoir publié Lajja (« La honte »), roman dans lequel elle décrivait la vie d'une famille hindoue persécutée au Bangladesh, pays à 90% musulman, des extrémistes l'avait taxée de blasphème. L'écrivaine avait alors fui pendant dix ans en Europe et aux Etats-Unis, avant de s'établir en Inde, où elle avait obtenu un statut de résidente temporaire en 2004. Las, elle ne s'y sent plus en sécurité non plus. Elle a indiqué mercredi 3 juin qu'elle avait quitté le pays pour retourner aux Etats-Unis.

La romancière craignait pour sa vie. « Ai été menacée par des islamistes qui ont tué des blogueurs athés au Bangladesh. Inquiète », a-t-elle écrit sur Twitter. Elle explique avoir demandé rendez-vous au ministre indien de l'Intérieur suite aux menaces qu'elle avait reçues, mais ce dernier n'aurait pas donné suite. La Bangladaise souhaitait que l'Inde lui accorde un permis de résidence permanente. « Rentrerai quand me sentirai en sécurité », précise-t-elle. Une décision survient peu après le meurtre du blogueur Ananta Bijoy Das au Bangladesh, qui avait fait les louanges de l'écrivaine.

La mort de Das, qui a été tué à la machette, était le troisième meurtre de ce type depuis février au Bangladesh, pays qui depuis des années connaît une recrudescence des violences religieuses du fait d'extrémistes. Des radicaux islamistes sont d'ailleurs à nouveau soupçonnés des trois récents meurtres enregistrés. Depuis 2013, au moins cinq blogueurs ont été attaqués par des islamistes. En amont, le groupe extrémiste Hefazat-e-Islam avait appelé à tuer les athées organisant des manifestations contre la montée de l'islamisme radical dans le pays.

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