Il était environ neuf heures du matin ce mardi 12 mai quand les assaillants masqués ont poursuivi Ananta Bijoy dans les rues de Sylhet et l’ont frappé à coups de machettes. Le jeune homme âgé d’une trentaine d’années travaillait dans une banque, mais il écrivait surtout pour le blog Mukto-Mona (« Libre pensée »), un site fondé par un Bangladais né aux Etats-Unis, Avijit Roy, lui-même tué à coups de machette dans la capitale Dacca en février dernier.
C'est al-Qaida dans le sous-continent indien qui avait revendiqué son assassinat la semaine dernière, ainsi que celui d'autres « blasphémateurs », le mot employé dans leur communiqué, au Bangladesh et au Pakistan. En mars, un autre blogueur laïc avait été assassiné à Dacca.
Bijoy, comme Avijit Roy, avait reçu des menaces de mort. Il écrivait des articles scientifiques pour le site Mukto-Mona, mais il critiquait aussi sur certains de ses posts des aspects de l’islam et de l’hindouisme. Et un de ses livres, le best-seller « Le virus de la foi », était très controversé au Bangladesh.
Car si le pays est laïc, il est peuplé à plus 90% de musulmans. Et les attaques menées par des extrémistes religieux se multiplient : en trois ans au moins cinq blogueurs ont été attaqués, depuis que le groupe fondamentaliste Hefazat-e-islam a demandé la mort pour les laïcs qui à l'époque avaient organisé de grandes manifestations contre la montée de l’islam politique.