►Dernière info : Une journée après son départ de Chine, Solar Impulse 2 est contraint de se poser au Japon, à Nagoya, en raison de la détérioration des conditions météorologiques. Une étape imprévue pour le pilote André Borschberg, qui devra attendre une amélioration de la météo avant de repartir vers Hawaï.
Le drôle d’engin a décollé dans la nuit de samedi à dimanche. Cloué sur le sol chinois depuis le 21 avril, Solar Impulse 2 a pu, le 31 mai, reprendre sa course de 35 000 kilomètres autour du globe. Cet aéronef extraordinaire est en effet alimenté exclusivement par l’énergie solaire. C’est pourquoi les aléas météorologiques l’ont empêché durant plusieurs semaines de décoller de Nankin, la ville orientale chinoise, terme de sa précédente étape.
Un exploit et un record
C’est donc un peu avant trois heures du matin, que l’immense avion et ses 17 000 capteurs solaires se sont élevés dans la nuit mus par quatre hélices presque silencieuses. Les 72 mètres d’envergure de Solar Impulse 2 ont pris l’air avant de disparaître dans la brume, applaudis par l’équipe au complet réunie sur le tarmac.
Parti d’Abou Dhabi, le 9 mars dernier, l’avion conçu par deux Suisses, Bertrand Piccard et André Borschberg, doit affronter l’étape la plus risquée de son périple. Lors des vols précédents, Solar Impulse 2 n’a en effet jamais survolé d’océan, ni volé plus de 24 heures d’affilée. Le défi du Pacifique en est donc un de taille : 8 500 kilomètres à franchir d’une traite. A des vitesses variant de 50 à 140 km/h, il faudra à André Borschberg, 62 ans, environ 130 heures pour accomplir ce qui serait un record pour un pilote seul aux commandes de son appareil, selon les organisateurs.
La préparation de ce vol hors-norme a été à la mesure du défi. « Je croise les doigts » a déclaré André Borschberg au moment de prendre place à bord, car il faudra bien que la technologie se double d’une bonne dose de chance pour réussir. Seul à bord, cela veut dire être vigilant en permanence mis à part quelques courtes séquences de sommeil de 20 minutes. Coincé dans un minuscule cockpit de 3,8 m3, le pilote n’a aucune possibilité de quitter son siège pour se dégourdir les jambes. Faisant office de couchette et de toilettes, ce fauteuil spartiate cache dans le dossier un radeau de survie et un parachute. En position allongée, André Borschberg qui mesure 1m90, pourra effectuer quelques exercices physiques, mais sans jamais quitter son siège.
Redoutable météo
Pour tenir le coup, le pilote s’est entraîné avec un instructeur à la pratique du yoga de façon à évacuer le stress et à gérer la fatigue. Equipé d’un masque à oxygène pour les passages à haute altitude, jusqu’à 8 400 mètres dans l’Himalaya, il devra affronter de grandes amplitudes thermiques entre -40°C et +40°C. L’avion qui ne pèse que 2,3 tonnes ne dispose en effet d’aucun système de chauffage pas plus que de climatisation.
Pour se nourrir, le pilote dispose de 2,4 kg de nourriture, avec des plats spécialement préparés, de 2,5 litres d’eau et d’un litre de boisson énergétique par jour. Affronter la fatigue et le stress sera déjà difficile, mais la météo et ses aléas sont bien davantage redoutés par l’équipe. « Si on rencontre du mauvais temps, on peut se retrouver à court d’énergie durant la nuit » a ainsi expliqué Bertrand Piccard, le deuxième pilote du projet. « Dans le pire des cas, nous avons un parachute et un radeau de survie et on sait s’en servir. Evidemment, on espère qu’on n’aura pas à le faire », précise aussitôt celui qui sera aux commandes.
Pour cela, tous les problèmes qui peuvent survenir sur l’avion ont été envisagés et les procédures qui vont avec. De la panne d’un moteur à celle du pilote automatique, en passant par de fortes turbulences qui obligent à piloter en manuel, l’expérience d’André Borschberg qui a servi 23 ans comme pilote dans l’armée de l’air suisse, ne sera sûrement pas de trop.
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