L'inquiétude monte en Corée du Sud, rapporte notre correspondant à Séoul, Frédéric Ojardias. Alors que le coronavirus MERS se propage rapidement, le gouvernement a annoncé des mesures d'urgence de quarantaine pour les personnes à risque ayant été en contact avec les malades. Il a aussi fait fermer l'hôpital où le premier patient avait été traité, et où il avait contaminé d'autres personnes en plus de ses proches.
Un Sud-Coréen infecté est parvenu à se rendre en Chine
Le premier porteur du virus dans ce pays est un Sud-Coréen de 68 ans, revenu d'un voyage d'affaires au Moyen-Orient, d'où est partie l'épidémie (la majorité des cas ont été recensés en Arabie saoudite, où l'homme d'affaires avait passé deux jours). Il a été diagnostiqué le 20 mai, deux semaines après son retour en Corée du Sud. Les autorités du sont très critiquées et le gouvernement a présenté ses excuses.
« Nous demandons pardon pour avoir suscité de l'inquiétude et de l'angoisse parmi la population (...) à cause de notre jugement initial sur le caractère contagieux du MERS », a déclaré le ministre de la Santé Moon Hyung-pyo lors d'une conférence de presse. « Nous faisons le nécessaire pour empêcher la propagation de la maladie », assure-t-il.
Il est reproché aux autorités d'avoir tardé à prendre la mesure de la gravité de l'épidémie, et de n'avoir pas empêché un homme pourtant infecté de prendre l'avion pour la Chine la semaine dernière. Cet homme de 44 ans, dont le père était porteur du virus, a pris l'avion mardi, puis le bus à son arrivée pour rejoindre Huizhou, dans la province du Guangdong. Il a finalement été déclaré contaminé vendredi, et reste actuellement soigné dans le Guangdong.
Un cousin moins contagieux mais plus mortel que le SARS
« Au moins 77 personnes ont été en contact en Chine avec un Sud-Coréen contaminé par le coronavirus MERS, et 64 d'entre elles ont été placées en quarantaine », a rapporté ce lundi le journal chinois China Daily. « Mais 13 autres de ces personnes, qui avaient voyagé à bord du même autobus que le Sud-Coréen à son arrivée en Chine, sont toujours dans la nature et n'ont pu être jointes », ajoute le quotidien.
En Corée, sur Internet, de nombreuses rumeurs fausses circulent, signe d'une anxiété grandissante dans la société sud-coréenne. L'armée est aussi concernée puisqu'un soldat, fils d'une infirmière infectée, a été mis en quarantaine. Le virus MERS est considéré comme moins contagieux mais plus mortel que son cousin le SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère), qui avait fait près de 800 morts dans le monde en 2003.
Le taux de mortalité du MERS est de près de 40 %. Trois malades sud-coréens sont dans un état jugé « instable », mais aucun n'est décédé. En 2003, lors de l'épidémie du SRAS, les autorités chinoises avaient été vivement critiquées pour avoir tenté dans un premier temps de cacher la maladie. Comme le SRAS, le MERS - qui provoque une infection des poumons -, suscite des fièvres, des toux et des difficultés respiratoires. Contrairement au SRAS, il génère aussi une défaillance rénale. Il n'existe pour l'heure aucun traitement préventif.