Indonésie: Atlaoui et les 10 condamnés attendent leur notification

La France « a tout fait, fait tout et fait le maximum » pour empêcher l'exécution de Serge Atlaoui, un Français condamné à mort en Indonésie pour trafic de drogue, a déclaré vendredi 24 avril à Dublin le Premier ministre Manuel Valls. Le Français n’est pas le seul à attendre son exécution en Indonésie. Dix condamnés à mort pour trafic de drogue, principalement des étrangers, doivent passer devant le peloton d’exécution dans les jours qui viennent selon Jakarta.

C’est un ballet diplomatique qui se joue devant le centre de détention de Nusa Kambangan, à environ 300 km au sud-est de Jakarta. Jusqu’au dernier moment, les diplomates des pays d’origine des dix condamnés à mort se rendent à la prison de haute sécurité de « l’île flottante » proche de Java où sont détenus les condamnés pour haute corruption, les terroristes et les trafiquants de drogue. Des représentants de plusieurs pays (l'Australie, le Brésil et le Nigeria) ont été convoqués ce samedi au bureau du procureur, rapporte notre correspondante à Jakarta, Marie Dhumières. Des ressortissants de ces trois pays figurent sur la liste des prochains condamnés à mort.

Il n'y avait pas de représentant français car l'ambassade de France n'a pas reçu de convocation officielle - sans qu'on en connaisse la raison - a-t-on appris ce samedi. De toute façon précise notre correspondante, il n’y aura à priori pas d’annonce de date d’exécution avant lundi, a laissé entendre le porte-parole du procureur général indonésien. C’est en effet lundi que la cour suprême doit rendre ses conclusions sur le dossier du seul Indonésien condamné à mort. Les exécutions auront lieu au minimum 72h plus tard.

Parmi les condamnés à mort, neuf étrangers et un Indonésien donc. Comme le Français Serge Atlaoui, deux Australiens, un Brésilien, une Philippine et quatre Nigérians se sont vu refuser la grâce du président Joko Widodo, selon lequel l’Indonésie fait face aujourd’hui à une urgence dans sa guerre contre la drogue.

La seule femme condamnée, Mary Jane Veloso, qui a pu voir ses deux fils âgés de 6 et 12 ans, a été la dernière à rejoindre l’île prison où était autrefois enfermée la dissidence au régime Suharto. L’employée de maison philippine affirme que la drogue qu’elle transportait lorsqu’elle a été arrêtée avait été placée dans ses effets à son insu.

Depuis dix ans, le Français Serge Atloui clame lui aussi son innocence, affirmant n’avoir fait qu’installer des machines industrielles dans ce qu’il croyait être une usine d’acrylique, et qui s’est révélé être un laboratoire d’ecstasy.


Les autorités françaises assurent de leur mobilisation

L’Indonésie ne donne pas de réponse et n’envoie pas de message a déclaré François Hollande, en déplacement en Azerbaïdjan samedi, rapporte notre envoyée spéciale, Anissa el Jabri. « Oui, c’est une épreuve, a assuré le président français, c’est la mort d’un homme qui est en cause et il ne reste que quelques jours ». Dans cet intervalle la mobilisation se poursuit avec l’Australie et le Brésil puisque deux Australiens et un Brésilien sont menacés de la même sentence.

Pour la France, Serge Atlaoui n’est pas un trafiquant : il n’a d’ailleurs aucun passé judiciaire. C’est, a dit François Hollande, un ouvrier qui ne savait pas forcément qu’il participait à la construction d’un laboratoire. L’Elysée souligne aussi qu’en France on est bien conscient de l’importance pour l’Indonésie de lutter contre le trafic de drogue et ses 17 000 morts par an, mais si la sentence était appliquée il y aurait, dit François Hollande, des conséquences surtout diplomatiques (rappel d’ambassadeur, suspension des échanges) et économiques aussi. François Hollande a ajouté qu’il était prêt à recevoir l’épouse de Serge Atlaoui.

A Paris, Romain Nadal, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, assurait hier que la France avait « intensifié (sa) campagne et (sa) mobilisation. Nous avons mobilisé l’Union européenne puisque le Conseil européen a adressé à l’Indonésie un message d’appel à la clémence et de demande de non-exécution de Serge Atlaoui. Nous utilisons aussi le canal des Nations unies, c’est-à-dire l’organisation la plus universelle pour relayer cette demande aux autorités indonésiennes. Donc on est mobilisés dans un cadre bilatéral, franco-indonésien. On est mobilisés dans le cadre européen avec le soutien des 28 et nous sommes mobilisés au sein des Nations unies et de la communauté internationale. »

 

→ un rassemblement de soutien à Serge Atlaoui est organisé ce samedi à Paris, à 15h à l'appel de plusieurs associations et ONG comme Amnesty international.

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