Avec notre envoyé spécial à Manille, Antoine-Marie Izoard
C’est devant quelques dizaines de milliers de jeunes enthousiastes que le pape François a fait quelques recommandations. Dans un discours entièrement improvisé, il les a particulièrement exhortés à savoir pleurer devant la souffrance, après avoir écouté le témoignage d’enfants des rues.
Jung-Su a 14 ans. Il a raconté l’enfer de la rue au pape. A ses côtés, la jeune Gosuke, deux ans de moins, qui a demandé au pape François, sans pouvoir retenir ses larmes, comment Dieu pouvait permettre que les enfants soient rejetés par leurs parents, qu’ils soient victimes de la drogue et de la prostitution. « Elle est la seule à poser une question qui n’a pas de réponse », a alors dit le pape.
Le pape François a également fustigé la compassion mondaine et a soutenu que le monde actuel ne savait pas comment pleurer. Face à une société hyper connectée, il a, par ailleurs, mis en garde les jeunes de ne pas devenir des musées qui auraient trop d’informations et ne seraient pas quoi en faire. Il les a invités aussi à servir les pauvres et à apprendre à aimer.
Enfin, le pape a invité les jeunes, réunis sur le terrain de sport de la grande université Saint Thomas, à prier avec lui pour une jeune femme de 27 ans, décédée la veille, dans l’écroulement d’une structure métallique au terme de la messe qu’il célébrait sur le terrain de l’aéroport de Tacloban devant les survivants du typhon de novembre 2013.
■ Visite du pape François à Manille : une ferveur sans limite voire excessive
Avec notre correspondante à Manille, Marina Dardard
La plupart des fidèles sont enthousiastes, mais parfois on peut également voir des gens hurlant ou pleurant à la simple vue du cortège papal. C'est d'ailleurs ce qui frappe depuis l'arrivée du pape François, surnommé à Manille « Lolo Kiko », pour « Papi François ».
Pour beaucoup de Philippins comme Norah, 24 ans, qui a dormi sur place pour assister à la messe, le pape est essentiel dans sa représentation de Dieu : « Je me suis mise à pleurer rien qu'en le voyant apparaître à la télévision. Je ne saurais expliquer. C'est juste que l'on sent sa bénédiction par sa seule présence. Et lorsqu'il sera là devant moi tout à l'heure, j'aurai encore besoin de pleurer. »
Sans aller jusqu'à la transe, cette importance accordée au fait de voir le plus haut représentant de l'Eglise, de pouvoir le toucher, cela rappelle ce que l'on connaît ailleurs, comme en Amérique latine. D'autant qu'aux Philippines, cette expérience
collective de la religion ne se limite pas au catholicisme.
De son côté, l'Eglise locale dénonce régulièrement ce qu'elle considère comme des excès de « religiosité ». Par exemple, cela fait des années qu'elle condamne les crucifixions de certains au moment de Pâques. Mais sans jamais être parvenue, jusqu'ici, à faire cesser la pratique.