Il neige en abondance sur l’archipel, sauf à Tokyo en raison de l’effet de serre, et la neige a perturbé l’ouverture des bureaux de vote, rapporte notre correspondant à Tokyo Frédéric Charles. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour le parti conservateur du Premier ministre Shinzo Abe, qui risque d’avoir du mal dans les campagnes à persuader les personnes âgées à sortir de chez elles pour aller voter.
Il y a de moins en moins d’agriculteurs dans les campagnes, mais leurs voix ont de trois à quatre fois plus de poids que celles des électeurs urbains en raison du découpage électoral. Le taux de participation risque d’être inférieur aux 59% enregistrés il y a deux ans, d'autant que les Japonais ne comprennent pas bien pourquoi le Premier ministre les invite à voter deux ans plus tôt que prévu. La majorité d'entre eux approuve sa politique économique.
Pour justifier la dissolution du Parlement nippon le 21 novembre, Shinzo Abe a présenté ces élections comme un référendum sur les « abenomics » (lire ci-dessous), le programme économique qu'il applique depuis deux ans et qui est censé sortir le pays de la crise.
Mais son objectif, c'est surtout de profiter de la faiblesse des autres partis pour, à mi-mandat, repartir pour un nouveau mandat complet de quatre ans. L'opposition, prise de cours, a bien tenté de s'organiser mais s'est montrée incapable de se faire entendre sur des dossiers pourtant bien réels : le redémarrage des centrales nucléaires à l'arrêt depuis Fukushima, auquel travaille le Premier ministre ; son désir de réviser l'article 9 de la Constitution pour élargir le champs d'action des forces d'autodéfense, c'est-à-dire de l'armée japonaise...
Selon un sondage publié jeudi 11 décembre, la majorité des Japonais ne serait pas d'accord avec le gouvernement sur ces questions, mais pour autant, c'est bien le parti du Premier ministre qui est très largement en tête des sondages. En effet, ce sont les questions économiques, comme celle des retraites, qui intéressent surtout les Nippons. Et c'est son programme économique que vend aujourd'hui le gouvernement.
Pourtant, les réformes structurelles promises, comme la réduction de la dette ou les retraites justement, tardent à venir. Jusqu'ici, Shinzo Abe s'est focalisé sur la relance de la consommation. La question est donc de savoir ce que fera le Premier ministre du temps supplémentaire qu'il est en train de s'octroyer.
D'après le quotidien Mainichi, le Parti libéral démocrate (PLD) d'Abe, est crédité de 35% des intentions de vote auxquelles s'ajouteraient les 6% de son partenaire de coalition, le parti Komeito. La coalition au pouvoir conserverait ainsi sa majorité des deux tiers à la Chambre des représentants.
Les « Abenomics », ou la relance selon Shinzo Abe
Bien que d'une efficacité limitée jusqu'à présent, les « Abenomics » (mot issu d'une contraction entre le nom du Premier ministre et le mot anglais « economics ») n'ont guère d'alternative possible et les Japonais devraient continuer de les soutenir faute de mieux.
Cette politique de relance initiée fin 2012 repose sur trois principes : un accès facile au crédit, la relance budgétaire et des réformes structurelles pour déréguler les secteurs économiques à faible productivité.
Côté positif, le Japon est sorti de la déflation, le chômage très bas recule encore et la dépréciation de la monnaie, le yen, favorise les exportations. Mais a contrario, la hausse de la TVA en avril a entraîné un recul de la consommation qui se confirme de mois en mois et, une fois encore, le Japon est entré en récession au troisième trimestre.
Shinzo Abe a prudemment repoussé à 2017 la prochaine augmentation de TVA. L'agence de notation Fitch menace de dégrader la note du Japon, et pour Moody’s c'est déjà fait depuis début décembre.