Avec notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt
Manger des ailerons de requins ? Interdit. Des fastueuses soirées dans des clubs privés ? Banni. Faire conduire sa limousine par un chauffeur ? Honni. Et dès à présent, les autorités vont encore plus loin dans leur chasse aux « dépenses extravagantes ». Dans le collimateur : le mah-jong, ce jeu traditionnel très populaire.
Toute pratique « abusive » chez les fonctionnaires sera désormais sanctionnée. Ce joueur de mah-jong croit rêver : « Les fonctionnaires sont interdits de jouer contre de l’argent ? C’est surréaliste ! Les fonctionnaires jouent souvent grand, sinon, d’où vient toute leur fortune ? Ici, les femmes âgées jouent avec un ou deux yuans. C’est un jeu d’enfant ».
« Les fonctionnaires jouent avec l’argent public ou des pots-de-vin »
Casquette rouge vissée sur la tête, ce retraité s’adonne au cliquetis des tuiles du mah-jong. Sur la table devant lui : des petits tas de billets d’argent, pour « pimenter » le jeu.
« Ce n’est pas grave si l’on joue avec son propre argent. En revanche, les fonctionnaires jouent avec l’argent public ou des pots-de-vin. C’est ça qui ne va pas. L’argent du contribuable ne doit pas être gaspillé de cette façon. Ici, on joue avec des petites sommes, juste pour nous amuser ».
Ces partenaires de jeu hochent la tête. Tous saluent la lutte anti-corruption –mais ils restent dubitatifs quant au succès de cette campagne censée redorer le blason du Parti communiste au pouvoir.