Avec notre envoyée spéciale à Hong Kong, Heike Schmidt
La déception se lisait sur tous les visages des Hongkongais, réunis sur une grande avenue mardi 21 octobre dans la soirée. Au bout de près de deux heures de débat formel et courtois, il n’y avait qu’un constat partagé par tous : les autorités n’ont rien à proposer.
« Je comprends votre idéalisme mais vous n’avez pas le droit de mépriser la loi », a lancé la numéro deux du gourvernement Carrie Lam en direction de la délégation des étudiants, composée de quatre garçons et d’une fille, tous vêtus d’un T-shirt noir marqués du slogan « Freedom now », « la liberté maintenant ».
Un des principaux leaders étudiants Alex Chow a alors demandé la suppression pure et simple du comité de nomination sensé préselectionner les candidats au poste de chef de l’exécutif. « La Constitution de Hong Kong ne le permet pas », a immédiatement tranché Carrie Lam. Alex Chow lui demande alors pourquoi ne pas changer cette Constitution si elle ne répond pas aux souhaits des citoyens. Le quotidien anglophone phare de Hong Kong, le South China Morning Post résume ce dialogue de sourd, mercredi 22 octobre au matin en titrant « Etudiants et officiels toujours à l’opposée l’un de l’autre ».
Pendant ce temps, personne n’a plié sa tente ou rangé son matelas sur les trois sites qui sont encore occupés. Les étudiants ont décidé de tenir tête aux autorités de Hong Kong et à celles de Pékin.
Déception
« Nous voulons un vrai suffrage universel pour élire nous même notre chef de l’exécutif », rappelle Tim, un manifestant qui a suivi la rencontre devant un écran géant au milieu d’une foule compacte. « La seule chose qu’ils nous proposent, c’est de soumettre un nouveau rapport à Pékin. Ça ne marchera pas. Mais nous avons besoin d’intensifier les pourparlers. Nous ne voulons pas voir de nouvelles violences. »
La peur de voir de nouveaux heurts hante beaucoup de manifestants toujours dans les rues de Hong Kong, à l'image de Sheilin, une femme de 55 ans. Elle a beau admirer la lutte des jeunes pour plus de démocratie, elle n'est pour autant pas très optimiste quant aux débouchées du mouvement.
« Je ne vois aucun progrès. [Les autorités] ne vont pas donner plus de liberté à Hongkong. Et il n’y aura pas d’élections justes et équitables. Ils garderont leur cap et ne nous laisseront le choix qu’entre des candidats qu’ils ont eux même nominé. Cela n’est pas juste. »
Sheilin voudrait voir les manifestants lever leur siège, car sinon, dit-elle, le risque de violences policières devient chaque jour plus important.