Avec notre correspondante à Hong Kong, Florence de Changy
C’est de toute évidence une nouvelle bavure policière qui va sans doute remettre de l’huile sur le feu du mouvement de désobéissance civile qui réclame un système politique réellement démocratique à Hong Kong.
Vers 3 heures du matin, cette nuit, après plusieurs heures d’échauffourées parfois violentes, entre bâtons et gaz poivre côté police et parapluies et bouteilles d’eau côté manifestants, les forces de l’ordre ont tenté une nouvelle offensive pour déloger les contestataires qui avaient en fait repris place dans la rue qui bloque l’accès au bureau du chef de l’exécutif.
Mais alors qu’un manifestant était arrêté, les mains menottées par un lien en plastique, un groupe de policiers, certains en civil, l’ont mis à terre et roué de coups. Il s’agissait en fait d’un député du Parti civique, un parti d’opposition, et tout l’incident a été filmé et diffusé sur la chaîne officielle. Les photos de son visage et de son corps contusionnés ont semé l’effroi.
Ce matin la police a condamné cette bavure et a indiqué que les policiers impliqués dans ce passage à tabac avaient déjà été sanctionnés. Elle a indiqué que quatre policiers avaient été blessés dans les heurts de la nuit. Quarante-cinq manifestants ont été arrêtés.
■ Hong Kong: la presse officielle se déchaîne contre les manifestants
Avec notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt
« La stabilité est une bénédiction, des troubles amènent le chaos ». Dans son éditorial, le journal du Parti communiste accuse les organisateurs d’Occupy Central d’attiser le conflit et de ternir l’image du gouvernement local. Le Quotidien du peuple lance un appel vibrant à tous ceux qui aiment Hongkong : « Dites non à ces agissements qui confondent l’opinion publique avec des souhaits personnels. »
Selon cet éditorial, les manifestations sont vouées à l’échec. « La démocratie ne doit pas servir de prétexte pour semer le désordre », martèle ce commentaire rendant hommage aux policiers qui se battent contre « quelques personnes qui perturbent l’ordre social, bloquent le trafic et qui font souffrir les Hongkongais ».
Le Quotidien du peuple cite un expert qui chiffre les pertes économiques à 350 milliards de dollars d’Hongkong et pose la question : « Combien de temps peut encore durer ce gaspillage ? » Le quotidien s’en prend d’ailleurs directement aux « joueurs britanniques et américains derrière le soulèvement » et craint que le chaos sera néfaste pour la saison de Noël lorsque des dizaines de milliers de touristes viennent à Hongkong pour faire leurs emplettes pour les fêtes.