Chine: à Hong Kong, les autorités haussent le ton

Des dizaines de milliers de jeunes et moins jeunes restent massés dans le quartier d'Admiralty au pied du siège du gouvernement local, paralysé depuis maintenant une semaine. L'ultimatum des autorités locales lancé aux étudiants a nettement tendu la situation. Les manifestants ont quitté certains sites, ce dimanche soir.

Avec notre envoyée spéciale à Hong Kong, Heike Schmidt

A Admiralty, sur le boulevard principal – d’habitude engorgé par un trafic très dense - des jeunes s'assoient à même le goudron. Certains ont leurs cahiers d’études sur les genoux pour rattraper les cours ratés pour cause de grève. Au septième jour, la fatigue se fait sentir : nombreux sont ceux qui font la sieste au beau milieu de la chaussée bloquée ! Ce dimanche soir, Les manifestants pro-démocratie ont annoncé, à l'approche de l'ultimatum gouvernemental, leur retrait de certains sites tout en maintenant la pression autour des bureaux du chef de l'exécutif.

Angoisse

Car il n’y a pas seulement la fatigue, il y a aussi l’angoisse. Ce matin, des heurts ont encore éclaté de l’autre côté de la baie à Mongkok ; et les autorités haussent le ton : samedi soir, dans un discours retransmis par la télévision, le chef de l’exécutif à lancé un vibrant appel aux manifestants pour que ceux-ci quittent les lieux.

Rumeurs

Leung Chun-ying se dit déterminé à régler la situation d’ici à lundi. C’est la rentrée des classes, et les autorités promettent de rétablir l’ordre public pour permettre aux sept millions d’Hongkongais de retrouver leurs bureaux et une vie normale. Une promesse qui fait peur aux manifestants. Des rumeurs sur une probable intervention policière circulent sur les réseaux sociaux, mais pour l’instant, rien ne fait croire que les protestataires cèderont.

A Hong Kong, le mouvement « Occupy Central » qui paralyse plusieurs quartiers de la ville depuis une semaine prend toute sa place dans les médias étrangers. Rares sont les articles sur les adversaires des manifestants, ceux qui craignent que les protestations auront des effets dévastateurs pour l’image de cette place financière internationale.

Majorité silencieuse

Robert Chow est de ceux-là. C'est un homme à la crinière grise et au regard doux, il insiste : il n’est pas un homme politique. Il veut seulement l’harmonie pour sa ville natale, Hongkong. A la tête d’une campagne agressive contre le mouvement « Occupy Central », cet ancien rédacteur en chef du quotidien Hongkong Standard se veut le meneur de la majorité silencieuse :

« 70 000 personnes descendent dans la rue, vous prennent en otage et vous ne pouvez rien y faire ! Il y a seulement six semaines, 1,5 millions de Hongkongais ont signé notre pétition pour dire non à "Occupy Central". Alors ? Si ces gens sortent eux dans la rue ? J’espère que ça ne finira pas par une tragédie. »

« La révolution des parapluies », comme les manifestants ont baptisé leur mouvement, Robert Chow s’en moque :

« Ce n’est pas une véritable révolution. C’est un défi pour la façon dont la Chine gouverne Hong Kong. Les gens disent à la plus haute instance chinoise, le Congrès du Peuple : retirez votre réforme électorale. La Chine ne le fera jamais. Mais si elle ne le fait pas, on fera comment alors ? Comment entamer la désescalade ? »

Le fondateur de l’Alliance pour la paix et la démocratie prédit une issue violente à cette crise majeure à Hong Kong et craint pour la réputation de ce confetti capitaliste qui se rêve îlot démocratique dans une Chine communiste.

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