Avec notre correspondant à Séoul, Frédéric Ojardias
La Corée du Nord n’avait pas envoyé une délégation aussi importante chez son frère ennemi du Sud depuis des années. A sa tête, se trouve le général Hwang Pyong-so, chef du Politburo de l’armée et considéré comme le nouveau numéro deux du régime. Hwang a débarqué à l’aéroport d’Incheon en uniforme militaire, accompagné de deux cadres haut placés du Parti des travailleurs. Ils ont rencontré plusieurs responsables sud-coréens.
Cette visite rarissime survient alors que le « dirigeant suprême » Kim Jong-un n’a fait aucune apparition publique depuis plus d’un mois, une absence qui alimente de nombreuses spéculations.
« Cette visite n'était aboslument pas prévue, et Séoul a été obligée de réagir au dernier moment pour accueillir ces trois représentants de la Corée du Nord, qui sont les personnes les plus importantes après Kim Jong-un. Ils ne se déplacent jamais sans que cela ait été prévu longtemps à l'avance, explique Juliette Morillot, journaliste au mensuel La Revue et spécialiste de ce pays. Selon elle, ce déplacement surprise résulte d'une « volonté de sortir de l'impasse dans laquelle se trouve la Corée du Nord. Mais c'est bien sûr surprenant. Cette viste intervient au moment où il y a beaucoup de rumeurs qui courent sur la disparition de Kim Jong-un, lequel serait malade. Certains penseraient que cette visite indiquerait que le pouvoir serait passé entre une faction de l'Etat et ne serait plus entièrement aux mains de Kim Jong-un. Mais rien n'est sûr à ce stade. »
La présence même en Corée du Sud de ces hauts dignitaires constitue un signal diplomatique très fort. Le régime est accablé de sanctions en raison de son programme nucléaire et il tente de rompre son isolement. A Séoul, les émissaires de Kim Jong-un ont réussi leur mission : les deux Corées sont tombées d’accord pour relancer leurs pourparlers de haut niveau d’ici la fin du mois d'octobre.