Hong Kong: le chef de l’exécutif refuse de démissionner

Depuis plusieurs jours, des dizaines de milliers de manifestants occupent une large partie de Hong Kong. Ils demandent plus de démocratie et le départ de Leung Chun-ying, le chef de l’exécutif hongkongais qu’ils considèrent comme une «marionnette de Pékin». Vingt minutes avant la fin de leur ultimatum, ce jeudi à minuit heure locale, le chef de l’exécutif hongkongais a tenu une conférence de presse.

Leung Chun-ying a d’abord annoncé qu’il désignait Carrie Lam, la secrétaire générale de l’administration de Hong Kong, pour ouvrir des discussions avec les étudiants manifestants. Ces derniers avaient indiqué qu’ils étaient prêts à discuter avec n’importe quel membre du gouvernement du moment qu’il ne s’agissait pas de Leung Chun-ying. Le chef de l’exécutif a expliqué qu’il répondait à une lettre de la Fédération des étudiants de Hong Kong qui demandait à rencontrer Carrie Lam.

Leung Chun-ying a par contre souligné qu’il ne démissionnerait pas, contrairement à ce que les manifestants demandaient. Il a à nouveau qualifié le mouvement d’« illégal ». S’il s’est félicité de la « retenue » des étudiants, ils les a mis en garde contre le fait qu’ils pourraient être blessés s’ils tentaient d’envahir des bâtiments officiels.

Situation tendue ce jeudi à Hong Kong

Certains manifestants avaient vu dans la journée des policiers décharger des caisses en bois et des fûts de métal, qu’ils ont pris en photo et fait circuler sur les réseaux sociaux. Les indications sur les caisses laissent deviner de manière évidente qu'il s'agissait de balles en caoutchouc. Pour ce qui est des fûts de métal les manifestants penchent pour des gaz lacrymogènes. Un assaut des forces de l’ordre semblait donc se préparer. De fait, jeudi matin les dirigeants du mouvement étudiant avaient exigé la démission du chef de l’exécutif hongkongais avant minuit heure locale.

Il s’agit donc de savoir maintenant si les étudiants vont accepter la main tendue de l’exécutif hongkongais. Car si Leung Chun-ying ne démissionnait pas, ils avaient prévu de durcir le mouvement, en occupant par exemple des bâtiments gouvernementaux.Jeudi matin déjà, ils avaient été 3 000 à se masser devant les bâtiments qui abritent le Conseil législatif et les bureaux de Leung Chun-ying.

Pékin soutient le chef de l’exécutif hongkongais

Jeudi matin le Quotidien du peuple, l’organe du parti communiste chinois, disait le soutien « ferme et intangible » du gouvernement chinois à Leung Chun-ying, y compris dans sa gestion de la crise. Le journal imaginait des « conséquences inimaginables » pour Hong Kong si les manifestations devaient continuer.

Pékin a également été ferme à l’étranger. Wang Yi, le chef de la diplomatie chinoise, était mercredi à Washington, où il a été reçu par son homologue. A John Kerry qui lui disait « espérer vivement que les autorités de Hong Kong fassent preuve de retenue », il a répondu que le dossier hongkongais relevait des « affaires intérieures chinoises » et tous les pays devait respecter ce « principe de base ». La Chine a prévenu qu’elle agirait à sa guise. Elle ne se laissera influencer par aucune déclaration de la communauté internationale.

En Chine continentale même Pékin avait pris les devants ces derniers jours en accentuant la censure sur Internet et en enfermant ou interrogeant ceux qui prenaient parti pour les manifestants Hongkongais.

Les origines de la crise

En juin dernier, Pékin rendait public un livre blanc sur Hong Kong. Certains hongkongais y ont vu une manière pour le gouvernement chinois de réaffirmer son autorité sur sa Région autonome spéciale. L’organisation Occupy Central a réagi en organisant quelques jours plus tard un référendum non officiel sur la forme que devrait prendre en 2017 l’élection du chef de l’exécutif. Ce fut un gros succès. Près de 800 000 hongkongais y ont participé. Deux jours après, 500 000 personnes descendaient dans les rues pour le plus grand rassemblement pro-démocratique vu à Hong Kong depuis dix ans.

Cela n’a pas empêché deux mois plus tard la Chine d’annoncer qu'elle allait continuer à contrôler les nominations des candidats pour l'élection au poste de chef de l'exécutif hongkongais. Or, pour les hongkongais, le texte, sur lequel Pékin s'était mis d'accord avec Londres avant la rétrocession de 1997, prévoyait que cette élection se ferait de manière nettement plus démocratique. La tension était donc montée ces dernières semaines, avec d'abord la grève des étudiants, puis des lycéens, auquel s'est joint le mouvement Occupy Central.

Reste à voir si cette proposition de Leung Chun-ying, d'ouvrir des discussions, sera suffisante, ou si le mouvement va continuer à demander sa démission. D'autant que si le chef de l'exécutif propose de discuter avec les étudiants, il n'a pas parlé des autres composantes du mouvement.

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