Hong Kong: les manifestants assiègent les bâtiments gouvernementaux

Les manifestants hongkongais ont été soutenus mercredi 1er octobre par des rassemblements dans plusieurs grandes villes, de quelques centaines de personnes à New York et Paris, et à près de 2000 à Londres. Pendant ce temps, à Hong Kong, jeudi 2 octobre, les manifestants font le siège des bâtiments du gouvernement dans le quartier d’Admiralty, qu’ils espèrent réussir à bloquer.

L'ultimatum des étudiants réclamant la démission du chef de l’exécutif C.Y. Leung arrive à son terme jeudi 2 octobre. Mais, confirmé dans ses fonctions par Pékin, le très impopulaire C.Y. Leung a dit et redit qu’il ne démissionnerait pas, même si, selon la plupart des analystes, sa tête tombera tôt ou tard et avant la fin de son mandat.

On le soupçonne à présent de jouer l’attente et l’usure du mouvement, explique notre correspondante à Hong Kong, Florence de Changy. Déjà la nuit dernière, selon des manifestants sur place, un ou deux quartiers auraient pu être repris facilement par la police aux heures creuses d’occupation.

Les fauteurs de trouble tant redoutés par les organisateurs, souvent payés selon eux par des groupes extrémistes pro-Pékin, n’ont pas réussi à faire dégénérer le mouvement mercredi 1er octobre. Plusieurs agressions ont pourtant eu lieu, notamment des agressions verbales et des objets lâchés de très haut sur la foule.

Coup de pression de Pékin

Voyant que le mouvement de Hong Kong commence à s’inscrire dans la durée et que l’ultimatum du 1er octobre pour l’arrêt des manifestations n’a pas été suivi d’effets, Pékin commence à utiliser l’arme psychologique et d'abord sur le plan de la communication.

Ce jeudi, rapporte notre correspondante à Pékin, Caroline Puel, un éditorial du Quotidien du Peuple, le journal du parti communiste, affirme que Hong Kong devra assumer des « conséquences inimaginables » si les manifestations continuent. Les médias officiels chinois, restés silencieux jusqu’à présent, condamnent à l’unisson les « troubles « de HK.

Mais Pékin a également adopté une sorte de sanction qui risque de devenir un argument de poids. Le gouvernement chinois vient de suspendre les autorisations accordées aux voyagistes pour envoyer des groupes de touristes chinois vers Hong Kong. Voilà dix ans, lorsque Hong Kong se remettait péniblement de la crise asiatique, c’est l’envoi de touristes chinois, qui avait aidé l’économie du territoire à redémarrer.

Aujourd’hui les ¾ des visiteurs de Hong Kong sont des Chinois du continent et leurs achats pèsent lourd dans l’économie du petit territoire. Une grande partie des touristes vient certes à titre individuel et échappera à cette sanction mais les commerçants du territoire risquent fort de s’inquiéter si le mouvement persiste et pourraient bien à leur tour manifester leur mécontentement contre leur perte d’activité et faire pression pour que les manifestants rentrent dans le rang. C’est assurément le pari chinois.


Les acteurs clés du mouvement

Le mouvement des étudiants est une alliance assez hétéroclite composée pour l’essentiel de trois groupes :

  • La Fédération des étudiants hongkongais est la première à s’être manifestée. Son secrétaire général est Alex Chow (lien en anglais), 24 ans, étudiant en littérature. C’est un adepte de la non-coopération et de la non-violence. C’est lui qui avait lancé le sit-in nocturne en juillet dernier qui s’était terminé par 500 arrestations. C’est lui aussi qui a lancé la grève des universités la semaine du 22 septembre.
  • Scholarism est le second groupe à avoir rejoint la grève des étudiants au cinquième jour vendredi dernier en appelant au boycott des cours des lycéens cette fois. Et c’est vraiment grâce à leur chef de file Joshua Wong, 18 ans, que le programme d’éducation patriotique chinois n’avait pas été imposé dans les écoles de Hong Kong il y a deux ans.
  • « Occupy Central with love and peace », ou plus simplement « Occupy Central», est mené par deux professeurs en droit et en sociologie et le révérend Chu Yiu-ming, âgé de 70 ans. Ils avaient prévu de démarrer leur mouvement le 1er octobre mais, emportés par l’engouement des foules, ils l’ont lancé avec trois jours et demi d’avance.

La situation aujourd’hui est le fruit du cumul des actions de ces trois mouvements.
 

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