Hong Kong: les leaders étudiants acceptent de discuter avec le gouvernement

Leung Chun-ying, le chef de l’exécutif hongkongais - que les manifestants considèrent comme une « marionnette de Pékin » -, a réaffirmé jeudi 2 octobre qu'il ne démissionnerait pas et a lancé une offre de dialogue aux protestataires. Une offre que ces derniers ont acceptée, tout en continuant d'appeler à sa démission. Des heurts ont eu lieu ce vendredi dans les rues de Hong Kong.

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« Je n'ai pas l'intention de démissionner, je dois poursuivre ma mission jusqu'aux élections », a déclaré Leung Chun-ying devant les journalistes, dans une mise en scène assez dramatique, organisée jeudi 2 octobre 2014 20 minutes avant la fin de l'ultimatum que les manifestants lui avaient fixé. Sur ce point, les manifestants n'ont donc pas obtenu satisfaction. En revanche, le chef de l'exécutif a annoncé l'ouverture de discussions. Les représentants de la fédération des étudiants de Hong Kong, précurseurs du mouvement, vont enfin pouvoir rencontrer un représentant du gouvernement.

Leur interlocutrice sera la secrétaire générale de l'administration, Carrie Lam. Cette dernière était d'ailleurs aux côtés du chef de l'exécutif pendant sa conférence de presse. Leung Chun-ying a expliqué qu'il répondait ainsi à une demande exprimée quelques heures plus tôt par les leaders du mouvement étudiant dans une lettre. Les négociations doivent porter « sur un point constitutionnel précis ». Il s'agit manifestement du mode d’élection de son successeur en 2017, puisque c’est pour cette raison que les gens sont dans la rue (voir encadré).

La main tendue est acceptée, mais le mouvement continue

C'est donc une concession des autorités, alors que la police avait apporté des caisses de munitions en caoutchouc dans le centre de la mégapole ce jeudi. Mais cette main tendue ne s'adresse qu'aux leaders étudiants, et non pas à toutes les composantes du mouvement, qui est « illégal », a dit le chef de l'exécutif. Et Leung Chun-ying a clairement mis en garde les manifestants : « Il ne faudrait pas que des étudiants soient blessés en tentant de pénétrer dans des bâtiments officiels », a-t-il prévenu.

« La Fédération des étudiants de Hong Kong va avoir une rencontre publique avec la secrétaire en chef de l'Administration, Mme Carrie Lam », a déclaré un leader des étudiants contestataires dans un communiqué après la conférence de presse. Une décision saluée par une autre composante importante du mouvement, « Occupy Central ». Mais la Fédération des étudiants continue d'estimer, concernant Leung Chun-ying, que « la démission n'est qu'une question de temps ». Et de préciser que l'occupation des rues continuera jusqu’à ce qu’un « véritable suffrage universel voit le jour ».

Quelle marge laisser à la négociatrice des autorités locales ?

Face aux derniers évènements, les dents grincent sur le continent. Ce mercredi dans Le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste chinois, on peut lire que « faire respecter la décision » prise par Pékin sur le mode d’élection du futur chef de l’exécutif hongkongais « est une décision nécessaire et la seule possible ». Pour le régime, les demandes des manifestants ne sont « ni légales, ni raisonnables ». La base de négociation semblant assez souple, la question est de savoir si Pékin va donner assez de latitude à Carrie Lam.

Selon le South China Moring Post, les négociations devraient commencer samedi 4 octobre. En attendant, les manifestants sont toujours dans les rues ce vendredi. L'atmosphère reste tendue : il y a eu des heurts entre les pro-démocratie et des anti-manifestations. Ces derniers commençaient en effet à enlever les barrières que les protestataires ont mises en place. La police est intervenue. Le soir venu sera à nouveau scruté de près, puisque le gros des foules pourrait encore converger vers les points de ralliement.


■ CONTEXTE

Depuis le week-end dernier, des dizaines de milliers de personnes sont dans les rues de Hong Kong pour réclamer plus de démocratie, via une élection du chef de l'exécutif local en 2017 qui serait véritablement libre. S'il est prévu qu'elle aura lieu au suffrage universel, Pékin a l'intention de présélectionner les candidats qui pourront y concourir, d'où le mécontentement ambiant. Ce sont les étudiants qui ont initié le mouvement fin septembre. Il est désormais qualifié de « révolte des parapluies ».

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