« Les autorités ont créé un Mandela ouïghour » a réagi le romancier pékinois Wang Lixiong à cette condamnation. Ilham Tohti avait beau s’opposer ouvertement à la politique d’assimilation forcée des minorités par Pékin, et particulièrement à celle de la minorité ouïghoure, son ethnie, il était considéré comme un modéré puisqu’il s’opposait à toute séparation de sa région du Xinjiang du reste de la Chine. Et il rejetait également tout radicalisme islamiste – un courant selon Pékin à l’origine de la vague d’attentat qui frappe depuis un an le Xinjiang et le reste du pays.
Enchaîné et privé de nourritures
Cela n’a pas empêché le gouvernement d’arrêter Ilham Tohti en janvier dernier. Selon ses proches, cet économiste respecté, enseignant à l’université des minorités de Pékin, a été enchaîné et privé de nourriture pendant de longues périodes durant sa détention. Sept de ses étudiants ont été eux aussi arrêtés, et leurs témoignages utilisés contre lui lors de son procès.
« Une mascarade de procès », selon Human Rights Watch, qui illustre selon l'ONG « l’intolérance du pouvoir vis-à-vis des critiques pacifiques ». De son côté l’Union européenne, qui déplore que le droit à la défense d’Ilham Tohti n’ait pas été respecté, appelle aujourd’hui à sa libération immédiate et sans condition, et à celle de tous ses soutiens. Selon un de ses avocats, Ilham Tohti « fera certainement appel ».