Avec notre correspondant à New Delhi, Antoine Guinard
Ce jugement est historique pour les libertés publiques au Manipur, même si la libération d'Irom Sharmila n'est pas encore effective. Un tribunal de l'État a entendu la requête de son avocat, mardi, et a jugé que Irom Sharmila n'était pas coupable de tentative de suicide, un acte passible d'un an d'emprisonnement en Inde. Ce jugement n'a pas encore été pris en compte par le gouvernement et la police de l'État.
Celle que l'on surnomme la Dame de fer du Manipur avait entamé sa grève de la faim quelques jours après le massacre de dix civils par l'armée indienne, en novembre 2000. Elle avait ensuite été rapidement arrêtée, puis transférée de sa prison à un hôpital d'Imphal, la capitale régionale, où elle était depuis nourrie de force par voie nasale.
Une victoire
Irom Sharmila était libérée chaque année après avoir « purgé sa peine », mais aussitôt réincarcérée lorsqu'elle refusait de mettre fin à son jeûne. Le jugement de mardi signifie qu'elle ne pourra désormais plus être nourrie de force.
C'est une victoire importante pour tous ceux qui la soutiennent dans son combat pour abolir L'AFSPA [loi sur les pouvoirs spéciaux de l'armée]. Cette loi d'état d'urgence, en vigueur au Manipur depuis 1980, mais aussi au Cachemire, garantit l'immunité aux soldats postés dans ces régions en proie à l'indépendantisme. Ses détracteurs dénoncent depuis des années les atrocités commises par l'armée sous sa protection. Mais pour l'instant, aucun changement à l'horizon. En juin dernier, le nouveau ministre de la Défense a déclaré que l'AFSPA resterait en place tant que la paix n'est pas rétablie.