Ce dénouement de la situation politique au Cambodge est salué par la communauté internationale et les investisseurs, mais il semble trouver un écho mitigé chez les partisans de l’opposition. Ils sont déjà des milliers, à ce jour, à avoir réagi sur la seule page Facebook de Sam Rainsy, le président de l’opposition.
C’est la déception, voire la colère, qu’expriment un certain nombre d’entre eux. « On s’est encore fait rouler dans la farine », écrit un sympathisant qui se dit « trahi ». Un autre se désespère : « J’ai perdu confiance. Je ne crois plus les hommes politiques qui ne font que tromper le peuple ». « Nos chefs se sont mis dans la gueule du loup », lit-on encore, aux côtés de commentaires plus lapidaires comme : « Je ne vous soutiens plus ».
Une résolution incomprise
Certains s’interrogent : pourquoi ne pas avoir négocié plus tôt si, au final, c’est pour aller siéger à l’Assemblée sans avoir réussi à évincer le Premier ministre Hun Sen, ce qui était une revendication de l’opposition ? D’autres promettent la mort prochaine de l’opposition, qui suivra, disent-ils, le même chemin que le parti royaliste Funcinpec. Au terme d’une longue crise politique, il y a dix ans, le Funcinpec avait finalement décidé de rejoindre le parti au pouvoir et sa popularité s’est érodée au point d’avoir presque disparu du paysage politique.
Tentative d'apaisement
Face aux incompréhensions des partisans de l’opposition, Sam Rainsy a tenté d’apaiser les mécontents en expliquant, dans une vidéo postée sur sa page Facebook, que cette décision était « la meilleure possible ». Il demande aux militants d’attendre avant de juger le parti. Il leur explique que le plus important est de mener une réforme électorale pour garantir des élections libres et justes, ce qui ne peut se faire que par la voie parlementaire. Une partie des partisans lui reste néanmoins fidèle et se félicite de cette réconciliation, qualifiée de « voie du milieu » par un internaute. Un autre reconnaît que l’opposition « n’avait pas le choix » en ajoutant qu'« il faut arrêter de nous battre et coopérer pour développer notre pays. Nous sommes tous de sang khmer ».
Mises en garde
Sam Rainsy tente ainsi de calmer les esprits. ll a réussi à en faire patienter certains, qui se disent aujourd’hui dans l’expectative. Mais les mises en garde sont nombreuses sur Internet. Un internaute prévient : « Ne nous décevez pas ». D’autres n’hésitent pas à afficher leurs craintes : « Attention à ne pas réduire en miettes des décennies de combat », « Soyez vigilants, méfiez-vous du Premier ministre, il est rusé et peut vous diviser » ou encore, « N’oubliez pas vos promesses ». La lecture de tous ces commentaires montre que l’opposition est attendue au tournant et qu’elle devra trouver les moyens de conserver le soutien populaire qu’elle a drainé depuis les élections.