Présidentielle en Afghanistan: deux candidats pour remplacer Karzaï

Les Afghans vont départager, ce samedi, les candidats en lice pour le second tour de l’élection présidentielle, deux anciens ministres de l’actuel chef d’Etat Hamid Karzaï : Abdullah Abdullah, le favori, et Ashraf Ghani, arrivé deuxième le 5 avril lors du premier tour. Ce 14 juin marquera la fin de l’ère Karzaï et la première passation de pouvoir entre deux présidents élus.

Deux menaces pèsent sur ce scrutin, qui marque un tournant majeur pour le pays, en guerre depuis 12 ans. Les talibans ont annoncé qu’ils feraient tout pour le faire échouer par leurs attaques. Les insurgés n’avaient pas réussi à saboter le premier tour et ils pourraient redoubler d’acharnement. Le risque de fraude est également élevé, or il est impératif que le résultat du second tour ne soit pas contesté. La commission électorale, très critiquée après le 5 avril, a pris les devants en annonçant avoir écarté plus de 5000 employés électoraux.

Mais ni la violence ni la fraude n'ont empêché les Afghans de participer massivement au premier tour et de démontrer leur volonté d’assurer le succès de cette transition majeure. Les défis sont nombreux. Si le pays, du moins dans ses zones urbaines, connaît une modernisation sans précédent, il reste l’un des plus pauvres au monde. Un Etat en proie à la corruption, à la culture de l'opium et à la menace des talibans qui contrôlent toujours, après 12 ans de guerre, une partie du territoire.

Deux candidats au profil différent

Les deux derniers candidats en lice se nomment Abdullah Abdullah et Ashraf Ghani, et s'ils ont été par le passé ministres de l'ancien président, leurs profils sont assez différents. Ashraf Ghani, 65 ans, est un économiste respecté : il a travaillé pour la Banque mondiale dans les années 90, après avoir quitté l'Afghanistan en 1977. Il y retourne à la chute des talibans, avec pour objectif de reconstruire le pays. Ce Pachtoune devient immédiatement le puissant ministre des Finances d’Hamid Karzaï. Il met en place la nouvelle monnaie, un système fiscal, et combat (sans parvenir à la terrasser) la corruption. À la présidentielle de 2009, il ne récolte qu’un peu moins de 3 % des voix, mais cette année après une excellente campagne, il a rassemblé au premier tour 31,6 % des votants.

Ce qui reste beaucoup moins que son adversaire, Abdullah Abdullah, qui a obtenu 45 % des voix. À la fois Tadjik et Pachtoune, Abdullah Abdullah, 53 ans, a été non seulement ministre des Affaires étrangères d’Hamid Karzaï mais aussi frère d’armes du héros du pays, le commandant Massoud, lors des guerres menées contre les soviétiques puis contre les talibans. Lors de la dernière élection, il avait accusé Hamid Karzaï de lui avoir volé la victoire par ses fraudes. Depuis, il a modéré ses critiques envers le président sortant - il a d’ailleurs récupéré le soutien du candidat d’Hamid Karzaï au premier tour.

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L’un des premiers actes du futur président sera la signature avec Washington du traité bilatéral de sécurité, qui permettra le maintien de quelque 10 000 soldats américains après le retrait complet de la force internationale de l'ISAF, le 31 décembre prochain. Les deux candidats s’y sont engagés.

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