Avec nos correspondantes en Chine, Delphine Surreau et Heike Schmidt
La Chine emploie de gros moyens pour rapatrier ses citoyens du Vietnam. Avant-hier, 3000 ouvriers avaient déjà quitté le pays en proie à des émeutes antichinoises. Hier, cinq bateaux sont partis de Hainan pour évacuer 4000 Chinois supplémentaires.
Dimanche matin également, 16 employés chinois, blessés dans l’incendie ou la mise à sac de leurs usines, ont été rapatriés par avion médicalisé. La compagnie Spring Airlines annonce de son côté qu’elle suspendra à partir de demain ses vols entre Shanghai et le Vietnam.
Même si le gouvernement vietnamien empêche de nouvelles manifestations, en protégeant notamment l’ambassade de Chine à Hanoï, Pékin n’est pas prêt à l’apaisement : le ministère des Affaires étrangères a déclaré qu’une partie des discussions bilatérales avec le Vietnam étaient suspendues.
Levier économique
Et surtout, la Chine ne remet pas en cause le déploiement de sa plateforme pétrolière au large des îles Paracels, des eaux qu’elle contrôle de facto, mais qui sont revendiquées par le Vietnam. « Nous ne céderons pas un pouce de notre territoire », a déclaré cette semaine Fang Fenghui, le plus haut gradé chinois.
Avec le départ de milliers de Chinois, « l’économie et le tourisme au Vietnam vont prendre un coup », note ce lundi matin, non sans satisfaction, le journal officiel chinois Global Times, estimant que Hanoï n’a pas réussi à stopper les manifestations à temps. L’année dernière, 1,8 millions de Chinois ont passé leurs vacances au Vietnam. Depuis les émeutes, toutes les grandes agences chinoises déconseillent à leurs clients de s’y rendre.
Le manque à gagner pour le Vietnam est énorme : en 2013, les échanges commerciaux avec la Chine se sont élevés à 50 milliards de dollars. Les deux nations comptaient intensifier leurs échanges pour arriver à 60 milliards d’ici 2015. Mais aujourd’hui, Pékin compte utiliser le levier économique pour faire plier Hanoï. En guise de sanction, plusieurs accords commerciaux ont été gelés.