Les espoirs de Pervez Musharraf, revenu pour briguer la présidence du pays en mars 2013, après quatre ans d’exil volontaire, ont été rapidement douchés. La justice l’a immédiatement assigné à résidence, sa candidature a été invalidée, et son parti, la Ligue musulmane du Pakistan, a fait un piètre score au scrutin du 11 mai. Il fait aujourd’hui l’objet de plusieurs procédures judiciaires. L’une concerne son rôle présumé dans l’assassinat de son ex-rivale Benazir Bhutto, à qui il n’aurait pas fourni une protection policière suffisante. Il serait également impliqué dans le meurtre du chef rebelle baloutche Akbar Bugti et dans l’assaut meurtrier de l’armée contre la mosquée rouge d’Islamabad.
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L’inculpation pour haute trahison, lundi 31 mars, lui fait encourir la peine de mort. Plaidant non coupable, l’ancien président a cherché à convaincre la cour qu’il n’avait pas pris seul la décision de suspendre la Constitution, cherchant à impliquer d’autres personnes dans la procédure, et à la ralentir. Le général Musharraf dénonce un double règlement de compte politique à son encontre: de la part du Premier ministre Nawaz Sharif, qu’il a renversé par un coup d’Etat en 1999, un an après que ce dernier l’avait nommé chef des armées. De la part du corps judiciaire également, puisque M. Musharraf avait limogé sans ménagement de nombreux magistrats en 2007.
Le poids de l'armée
Dans un pays où le pouvoir militaire reste important, la condamnation à mort d’un cacique de l’armée pourrait provoquer la colère de cette dernière. A l’issue de l’audience de lundi, le général a d’ailleurs déclaré à la presse qu’il avait pour lui le soutien des militaires. Mais ce soutien est jusqu’à présent resté fort discret. Selon les observateurs, son inculpation témoignerait même d’un rééquilibrage dans les relations difficiles qu’entretiennent pouvoir civil et pouvoir militaire.
Depuis le début du procès pour haute trahison en novembre dernier, Pervez Musharraf ne s’est présenté que deux fois devant les juges, arguant de problèmes de santé et de craintes pour sa sécurité. Les talibans n’ont pas oublié le soutien qu’il avait apporté aux Etats-Unis dans l’invasion de l’Afghanistan au lendemain du 11 septembre. Sa présence à l’audience de ce lundi était sans doute d’autant plus importante que l’ancien président espère obtenir l’autorisation de quitter le territoire pour rendre visite à sa mère malade qui vit à Dubaï, promettant de revenir se présenter devant la justice.