Avec notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt
Après une année de ralentissement économique, très inhabituelle pour la Chine, le gouvernement adopte une stratégie de prudence. Ou, comme l’a dit le Premier ministre Li Keqiang dans son discours qui a duré deux heures, « il faut aller de l’avant à pas assuré ». Le gouvernement fixe donc le cap à 7,5% de croissance pour 2014.
Fait nouveau, Li Keqiang met en cause une « croissance à tout prix » avec, comme conséquence, de graves problèmes de pollution. « Il faut mener une lutte impitoyable contre tout ce qui nuit à l’environnement », a dit le chef du gouvernement. Il promet des économies d’énergie et la décontamination des sols pollués. Aux fonctionnaires, le Premier ministre dicte une cure d’austérité : « Les effectifs doivent êtres réduits », a-t-il dit, la lutte contre le gaspillage sera le maître mot cette année.
Un budget défense qui préoccupe le Japon
Les économies ne concernent pas le budget militaire. Avec 12,2%, la Chine prévoit une nouvelle hausse à deux chiffres. L’une des raisons est certainement le différend territorial avec le Japon. Une querelle de souveraineté sur des îles inhabitées en mer de Chine orientale.
Mais cette forte augmentation du budget n’a pas vraiment fait sensation en Chine puisque cela fait deux décennies qu’il augmente à deux chiffres chaque année. En 2014, les dépenses doivent atteindre 96 milliards d’euros. Il s’agit donc du deuxième plus grand budget militaire du monde, après celui des Etats-Unis.
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La « guerre » contre la pollution, nouvelle priorité
Le gouvernement a visiblement entendu le cri d’alarme des Chinois : dans un récent sondage, la pollution est arrivée en tête de leurs préoccupations, loin devant la corruption. Dans son discours devant les 3 000 élus, Li Keqiang promet donc une meilleure protection de l’environnement.
« La fréquence du smog dans un nombre croissant de régions et les problèmes graves de pollution sont autant de signaux d'alerte rouge de la nature pour nous mettre en garde contre les dangers de la croissance économique extensive, a déclaré le Premier ministre. Nous devons mieux protéger notre environnement et mieux préserver les écosystèmes du pays en prenant des mesures solides, de manière à obtenir des résultats solides. Nous devons résolument déclarer la guerre à la pollution, comme nous l’avons fait pour la pauvreté ! »
Li Keqiang promet une baisse des émissions dues à la combustion du charbon, la mise à la casse de six millions de vieilles voitures et la reforestation de plus de 300 000 hectares de terres polluées.
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