Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet
La patience de Barack Obama est à bout. Mardi 25 février, il a téléphoné au président afghan Hamid Karzaï pour l’informer de sa décision : si ce dernier s’obstine à ne pas signer un accord bilatéral de sécurité avec les Etats-Unis, l'armée américaine pourrait rapatrier ses 34 000 soldats d’ici la fin de l’année 2014, sans laisser de force résiduelle (pouvant aller de 3 000 à 10 000 hommes) pour continuer de former l’armée afghane et empêcher le retour des talibans.
Si cette « option zéro » pourrait ravir les progressistes américains, elle ne fait pas l’unanimité au Congrès. Mais le sénateur démocrate Robert Menandez, qui préside la commission des Affaires étrangères, a expliqué pourquoi sans cet accord, les Américains ne peuvent pas rester : « Nous devons être sûrs, dit-il, que nos soldats qui seront là-bas, aidant les Afghans à assurer la stabilité et la démocratie dans leur pays, sont sous l’autorité des Etats-Unis. Nous voulons continuer d’aider les forces afghanes et de lutter contre le terrorisme, mais nous ne pouvons le faire sans un accord bilatéral. »
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Le président des Etats-Unis a par ailleurs reçu le soutien de deux républicains, John McCain et Lindsey Graham, fatigués comme bon nombre d'Américains par le comportement de Hamid Karzai. En revanche, un haut responsable pakistanais a prévenu Washington qu’un retrait total provoquerait la guerre civile en Afghanistan. Mais, fait nouveau, Barack Obama n’a pas complètement refermé la porte à la signature d’un accord « plus tard dans l’année », avec le prochain président afghan.
Le fameux accord espéré préexiste déjà. Intitulé Bilateral Security Agreement (BSA), il vise à organiser entre autres la présence militaire américaine en Afghanistan après le retrait des forces de l'Otan (ISAF). Mais comme Hamid Karzaï a refusé de le signer, préférant lui aussi en laisser la responsabilité à son successeur après l'élection présidentielle d'avril, le temps passe, et les Américains ne savent plus vraiment comment planifier leur avenir en Afghanistan.
Jusqu'ici, le Pentagone tentait plutôt de faire pression sur Hamid Karzaï, en affirmant que les Américains allaient finir par ne plus avoir assez de temps pour s'organiser. La Maison Blanche a donc maintenant décidé d'attendre l'équipe suivante aussi, en espérant qu'elle lui soit favorable. Barack Obama évoque l'hypothèse d'un « gouvernement afghan engagé à un partenariat avec les Etats-Unis ». Et si ça ne vient pas, il aura dorénavant, à disposition, des plans établis pour un retrait total.
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