Avec notre correspondant à Bangkok,Arnaud Dubus
La crise politique thaïlandaise tourne de plus en plus à des règlements de compte personnels. Le chef des manifestants, l’ancien député d’opposition Suthep Thaugsuban a demandé à ses troupes d’encercler les sièges sociaux des firmes liées à la famille Shinawatra, à laquelle appartient la chef du gouvernement Yingluck Shinawatra. Les manifestants qui utilisent le service de téléphone portable AIS, anciennement propriété des Shinawatra, se sont vus aussi fermement conseillés de choisir un autre opérateur. Peu importe, apparemment, que la firme AIS appartienne à une société singapourienne depuis maintenant huit ans.
Langage grossier
Dans un autre registre, Suthep Thaugsuban a attaqué dans un langage assez grossier la réputation de la cheffe du gouvernement en émettant des doutes sur l’identité du père de son fils. Bref, le débat politique vole on ne peut plus bas.
Après des propos menaçants de la part de Suthep Thaugsuban, Yingluck Shinawatra n’a plus été vue en public depuis une semaine, sauf lors des funérailles d’un policier tué lors des manifestations. Elle serait actuellement hors de la capitale dans un lieu tenu secret. Les manifestants ont en effet été incités à appeler les médias pour signaler ou se trouve Yingluck Shinawatra s’ils l’aperçoivent. Selon l’agence Reuters, le prochain Conseil des ministres ne se tiendra pas non plus à Bangkok.
Trois enfants tués ce week-end
Depuis l'automne dernier, les manifestants ont déjà été la cible de jets de grenades et de fusillades. Mais c'est la première fois que des enfants sont tués. La dernière victime est décédée ce lundi matin à l'hôpital, des suites de ses blessures. La fillette de six ans avait été grièvement blessée à la tête, en plein centre de Bangkok alors qu'elle se trouvait au milieu des manifestants antigouvernementaux qui campent depuis des semaines dans ce quartier très fréquenté de la capitale.
Dans cette attaque perpétrée en plein jour, son petit frère de quatre ans a également perdu la vie. La troisième victime est une fillette âgée de cinq ans. Morte lors d'une fusillade samedi soir dans la province de Trat dans l'est du pays.
La chef du gouvernement Yingluck Shinawatra a immédiatement qualifié ces incidents « d'actes terroristes ». Les protestataires reprochent quant à eux aux forces de l'ordre de ne pas les protéger. Aucun des assaillants n'a jusqu'ici été identifié. L'armée a également réagi ce lundi, en mettant en garde contre un « effondrement » du pays. Le puissant général Prayut a tenu à rappeler que l'armée ne voulait pas utiliser la force, mais qu'elle n'avait « pas peur de faire son devoir ».