Thaïlande: les «hommes en noir» au cœur de l'insurrection

Les affrontements meurtriers de mardi entre la police et les manifestants anti-gouvernementaux dans le centre historique de Bangkok ont fait quatre morts, de nombreux blessés et plus d'une centaine d'interpellations. Des affrontements qui ont mis en évidence la présence d’hommes armés et entraînés aux côtés des manifestants, les « hommes en noir ».

Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus

Ces « hommes en noirs », comme les surnomment les Thaïlandais, ne sont pas un phénomène nouveau dans les rassemblements politiques. Ils étaient apparus il y a trois ans lors des manifestations des « chemises rouges », les partisans de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra.

La tête couverte d’une cagoule, vêtus d’un gilet pare-balles et armés de fusils automatiques, les « hommes en noir » sont devenus omniprésents dans les manifestations politiques en Thaïlande. Et leur efficacité est redoutable. Ils parviennent régulièrement à provoquer la débandade au sein des unités, de police ou de militaires, chargées de rétablir l’ordre.

Des mercenaires professionnels

En 2010, quand ces « hommes en noir » sont apparus pour la première fois, en moins d’une heure près d’une dizaine de soldats avaient été tués notamment dans des explosions de grenades. A l’époque, les « hommes en noir » semblaient avoir une motivation politique. Ils étaient formés par Seh Daeng, un général rebelle assassiné un mois plus tard.

Depuis, les choses ont changé. Les « hommes en noir » sont toujours là, du côté cette fois des opposants à Thaksin, fer de lance de ces milliers de manifestants réclamant la destitution de la Première ministre actuelle, Yingluck Shinawatra, une sœur de Thaksin.

Mais, selon plusieurs sources, les « hommes en noir » sont désormais des mercenaires professionnels, prêts à vendre leurs services à n’importe quelle faction. Le plus souvent, ce sont des militaires, ou d’anciens militaires. Ils sont aussi parfois « prêtés » à des groupes militants par leurs supérieurs qui veulent témoigner de leur sympathie politique.

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