Thaïlande: l'armée se dit prête à intervenir

Nouvel incident violent en Thaïlande et signe d’aggravation de la crise politique : un groupe d’hommes armés a tiré dans la nuit du vendredi 27 au samedi 28 décembre, sur des manifestants antigouvernementaux. Une personne du service de sécurité des manifestants a été tuée et trois autres blessées. Devant ces dérapages de plus en plus nombreux et l’incapacité des politiciens à trouver un compromis, l’armée commence à perdre patience.

Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus

Dans un pays dont l’histoire est ponctuée de coups d’Etat, les militaires ont fait preuve jusqu’à présent d’une retenue remarquable face aux querelles des politiciens qui déstabilisent le pays depuis près de deux mois. L’armée a simplement tenté, sans grand succès, de jouer un rôle de médiateur entre les protagonistes. Mais des signes indiquent que les chefs militaires commencent à être passablement irrités par la conduite en apparence peu responsable des politiciens des différents bords.

C’est surtout la multiplication des dérapages violents, comme ceux de jeudi et de la nuit dernière qui met l’armée sur les nerfs. Elle a d’ailleurs demandé qu’une enquête soit menée sur tous ces incidents.

« Tout peut arriver »

Aussi le chef des armées, le général Prayuth, a-t-il appelé vendredi les deux parties à faire preuve de retenue. Mais pour la première fois depuis le début des tensions politiques, il a évoqué une possible intervention militaire.

« La porte n'est ni ouverte, ni fermée, a-t-il dit. Tout peut arriver. Cela dépend de la situation. » Cette déclaration est un tournant majeur. Et même s'il y a loin de la parole aux actes, car l’armée est fortement divisée face à la situation politique, ces propos ne sont pas prononcés au hasard.

Ils interviennent également à un moment critique pour la Première ministre Yingluck Shinawatra, qui a convoqué des législatives anticipées sous la contrainte de l'opposition. Un scrutin auquel le principal parti de l'opposition, le Parti démocrate, refuse de prendre part.

Quid des pro-Shinawatra ?

Ce parti privilégie la formation d'un « conseil du peuple », qui devrait déterminer de nouvelles règles avant une date d'élections ultérieure. L'instant est critique : les sympathisants de la chef du gouvernement, qui se sont jusqu'ici retenus de toute provocation en évitant de grands rassemblements, pourraient changer d'avis face à la détermination de l'opposition.

Cette dernière est bien décidée à chasser Yingluck Shinawatra du pouvoir. Pour les plus pessimistes, le spectre d'une guerre civile plane donc sur la Thaïlande. Une intervention de l'armée deviendrait alors la seule option pour les militaires.

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