Thaïlande: Bangkok de nouveau en proie à des violences

Dans la capitale, Bangkok, des affrontements entre policiers et manifestants près du centre d'enregistrement pour les élections anticipées de février ont provoqué une cinquantaine de blessés dont certains par balle. Un policier est mort après avoir été touché par une balle. La recommandation par la Commission électorale d'un report des élections législatives anticipées a été rejetée par le gouvernement.

Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus

Quelques centaines de manifestants, issus de la frange la plus radicale du mouvement antigouvernemental, ont tout fait depuis tôt ce jeudi matin pour bloquer l'enregistrement des candidats pour les élections législatives anticipées. Mais, malgré ce blocus du centre d'enregistrement, les candidats d'une trentaine de partis ont pu déposer leur dossier.

Mais les affrontements entre policiers et manifestants qui ont pénétré dans l'enceinte du centre ont dégénéré. À tel point que la Commission électorale a recommandé au gouvernement de reporter les élections du 2 février, estimant que si la date est maintenue, le risque de violences à chaque étape du processus électoral est trop élevé. Certaines régions, comme le sud du pays et Bangkok, sont en effet dominées par le mouvement d'opposition. Il est probable que des incidents s'y multiplient dans les prochaines semaines.

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Un tel report irait dans le sens des demandes des manifestants antigouvernementaux, qui ne veulent pas que des élections se tiennent avant une réforme du système politique. Il est cependant clair que, plus les élections tardent, plus cela joue en faveur du mouvement antigouvernemental. Cela lui permettra notamment de remobiliser ses forces dans la capitale après les vacances de fin d'année. Une perspective que le gouvernement redoute plus que tout.

Mais la proposition a été presque immédiatement rejetée par le vice-Premier ministre, Phongthep Thepkanjana. « La commission électorale dit que les élections entraîneront des violences. Le gouvernement pense lui que le report du scrutin entraînera des violences », a-t-il argué.

Démission de la Commission électorale ?

Le gouvernement explique aussi son maintien de la date du scrutin par le fait qu'un report n'arrangerait pas forcément la situation. Au départ de la crise, beaucoup disaient qu'une dissolution du parlement était nécessaire pour apaiser les tensions. Mais quand le parlement a été dissous, la situation s'est envenimée, selon le vice-Premier ministre.

Les membres de la Commission électorale iront-ils jusqu'à démissionner de leur poste pour forcer au report du scrutin ? Ce serait un geste inédit dans l'histoire politique du pays, mais qui n'est pas totalement à écarter dans le contexte de crise profonde que connait le royaume.

La décision d'un éventuel report est en dernière instance du ressort du gouvernement.

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