Japon: le droit à l'information en débat

Le Parlement japonais adopte une loi controversée sur la protection des secrets d'Etat en dépit d'une forte opposition des médias, de chercheurs et d'artistes qui craignent que le droit à l'information et la liberté d'expression ne soient atteints. Les pourfendeurs du texte de loi dénoncent l'absence de structure indépendante pour contrôler la légitimite de l'Etat à classer secrète toute information sensible.

Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles

La nouvelle loi autorise les ministères de l’Etat japonais à classer secrète toute information sensible relative à la défense, la diplomatie, le contre-espionnage et la lutte anti-terroriste. Cette loi était conçue pour protéger les citoyens, déclare le Premier ministre Shinzo Abe. Pour satisfaire aussi les exigences des Etats-Unis sur l’échange d’informations sensibles.

Jusqu’ici, seul le ministère de la Défense pouvait déclarer secrète une information. Avec cette loi et la création d’un Conseil de sécurité nationale, le Premier ministre Shinzo Abe renforce ses pouvoirs jusqu’alors très faibles, face à certains pays comme la Chine, la Corée du Nord, la Corée du Sud et la Russie, jugés hostiles.

Les opposants à cette loi estiment qu’elle ne fournit aucune définition du « secret d’Etat ». En prévoyant jusqu’à dix ans de prison pour ceux qui diffuseraient des informations secrètes, la loi constitue une menace sérieuse pour les lanceurs d’alerte et les journalistes.
Les Japonais sont divisés. Ils redoutent que leurs médias subissent les mêmes pressions que celles exercées par le gouvernement britannique sur le journal Guardian, après la publication des révélations d’Eward Snowden, le lanceur d’alerte de la NSA, l’Agence de la Sécurité nationale américaine.

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