Avec notre correspondance à Bangkok, Arnaud Dubus
Le dimanche 1er décembre devait être le « jour de la victoire » pour l'opposition, mais la police a repoussé avec succès les manifestants qui voulaient s'emparer du siège du gouvernement. Les dirigeants militaires ont organisé dans la soirée une entrevue entre la cheffe du gouvernement, Yingluck Shinawatra, et le leader du mouvement d'opposition, l'ancien député, Suthep Thaugsuban. Celui-ci a maintenu une attitude intransigeante, disant qu'une dissolution du Parlement n'était pas suffisante, mais qu'il fallait une profonde réforme politique.
Selon Suthep Thaugsuban, il a juste profité de cette entrevue pour indiquer à Yingluck Shinawatra que sa démission ou qu'une dissolution du Parlement ne suffirait pas à mettre un terme à la campagne de l'opposition.
L'opposant a insisté sur l'établissement de ce qu'il appelle un « Conseil du peuple » pour réformer le système politique.
Yinluck Suthep n'a pas donné de précisions, mais il a maintes fois répété, ces derniers jours, que le rôle des élections dans ce système devait être « limité » et qu'une plus grande part devait être accordée à la monarchie.
Pour sa part le chef de l'armée a souligné que la priorité, à ses yeux, était qu'il n'y ait ni tué, ni blessé au cours de cette crise.
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Intransigeance des manifestants
Une manifestante, Malee Noisuwan, explique que le système politique doit être transformé, à cause de l'influence de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, le frère de Yingluck. « Actuellement, l'ensemble du gouvernement dépend de Thaksin. Vous pouvez le voir aux actions des membres du gouvernement. Ils écoutent sans cesse ce que dit Thaksin. Ils changent les lois, ils font tout ce qu'ils peuvent pour lui », expose cette manifestante.
« Et donc, nous essayons maintenant de débarrasser la Thaïlande de l'ensemble du système Thaksin. Ils doivent d'abord partir, et ensuite, nous verrons comment les choses évolueront », affirme-t-elle.
Après l'échec de l'entrevue de dimanche, il est difficile de voir une porte de sortie à la crise. L'opposition semble refuser tout compromis. Et la mobilisation contre le gouvernement ne donne pas de signe d'affaiblissement.
Dimanche, Suthep Thaugsuban a appelé à une grève générale sur l'ensemble du pays à partir de lundi. La situation risque donc de s'envenimer. Seul espoir d'apaisement : l'anniversaire du vénéré roi de Thaïlande, ce jeudi 5 décembre. Il paraît peu probable que cette situation chaotique prévale durant les cérémonies royales.
Nouveaux affrontements ce lundi
Après ce rejet des exigences des manifestants, le gouvernement a déployé des unités paramilitaires dans Bangkok, visiblement décidé à mettre un terme aux manifestations. Mais ce lundi 2 décembre, dans la matinée, des échauffourées ont de nouveau éclaté entre manifestants et forces de l’ordre, à Bangkok. Comme dimanche, la police - retranchée derrière des barrages composés de blocs de bétons et de fils barbelés - a utilisé des gaz lacrymogènes contre les manifestants qui tentaient d’approcher du siège du gouvernement. Le siège de la police, également ciblé par les manifestants, a également été le théâtre de nouveaux affrontements.
► A (RE)ECOUTER : L'émission Décryptage de Nathalie Amar de ce jeudi 28 novembre sur la situation en Thaïlande.