La France comble son retard avec un premier dialogue économique franco-chinois

Paris comme futur hub de l’internationalisation du yuan, d’avantage d’investissements chinois en France et le règlement de contentieux commerciaux en suspend : tout cela a été abordé lors du premier «Dialogue économique» de haut niveau entre Paris et Pékin, initié à l’occasion de la visite du ministre français de l’Economie et des finances, Pierre Moscovici, en Chine. Des pistes de travail pour de futurs accords dans les semaines et les mois qui viennent.

Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde

Avec sept heures d’entretien en compagnie de deux vice-Premiers ministres et d’autres hauts responsables chinois, ce premier «Dialogue économique de haut niveau» entre Paris et Pékin n’a pas usurpé son titre.

La France rejoint ici le Royaume-Uni et les Etats-Unis qui ont déjà enclenché ce genre de discussions économiques et financières depuis longtemps.

Premier objectif pour le ministre français des Finances : attirer « sans tabou », précise-t-il, les investissements chinois pour créer des emplois en France. « Je constate qu'il y a un déséquilibre fort en matière d'investissement. Les investissements français en Chine représentent quatre fois plus que les investissements chinois en France, et les investissements chinois en France sont inférieurs à ce qu'ils sont dans d'autres pays européens qui n'ont pas notre rayonnement et notre attractivité. Il faut donc rééquilibrer cela.

Bien sûr il est nécessaire de penser à nos impératifs de souveraineté, évidemment nous avons des intérêts stratégiques à préserver, même s'il n'y a pas de tabou a priori, mais il faut examiner les choses au cas par cas. Et puis surtout, il est vrai que le critère c'est de créer des emplois ».

2 200 entreprises françaises emploient aujourd'hui 555 000 personnes en Chine, contre 200 entreprises chinoises en France avec un taux d’emploi beaucoup plus faible.

Parmi la délégation ministérielle, le directeur général des finances publiques venu signer une convention fiscale avec Pékin, et le gouverneur de la banque de France qui aimerait que Paris ne passe pas à côté de l’internationalisation de la monnaie chinoise. Paris doit être un « hub » de la convertibilité du yuan à l’avenir, a expliqué Pierre Moscovici.

Parmi les sujets évoqués également, le nucléaire et notamment le site EPR de Taishan, l’aéronautique et l’usine d’A320 d’Airbus à Tianjin, mais aussi l’agroalimentaire avec un « dialogue franc » sur les litiges commerciaux. Le dossier des vins français notamment qui font toujours l’objet d’une enquête antidumping, mis en parallèle avec la question des panneaux solaires chinois autrefois menacés d’une même enquête par Bruxelles.

L’Etat français qui vient de mettre au pot de PSA à hauteur de 7 milliards d’euros de garanties, s’intéresse-t-il de la même manière à une éventuelle entrée au capital de PSA du constructeur chinois Dongfeng ? Là-dessus, le ministre se veut beaucoup plus discret.

«Je suis ministre de l'Economie et des finances, il se trouve que je suis aussi d'un endroit en France, le pays de Montbéliard, où se trouve la principale plateforme de production PSA, c'est le centre de production de Sochaux, et évidemment nous sommes très attachés à ce que PSA soit et demeure un très grand constructeur d'influence et de rayonnement mondial ».

Peugeot produit déjà 350 000 véhicules pour le marché chinois aujourd’hui, mais le ministre n’en dira pas plus sur le contenu des entretiens entre responsables chinois et français cet après-midi. Si des accords concrets sortent de ce dialogue économique, cela pourrait être à l’occasion de la visite du Premier ministre Jean-Marc Ayrault en Chine, la semaine prochaine, et plus sûrement lors de la visite en France du président chinois Xi Jinping au printemps prochain.

► A consulter : la déclaration conjointe du premier dialogue économique franco-chinois

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