Avec notre correspondant à Rangoon, Rémy Favre
Cela ressemble à une nouvelle habitude. Désormais de façon régulière, le gouvernement birman relâche des prisonniers politiques par petits groupes. De plus de 2 000, il y a trois ans, le nombre d’opposants enfermé dans les geôles du pays serait maintenant de moins d’une centaine.
Ainsi, le président birman pourrait donc bien tenir la promesse qu’il avait formulée à Londres l’été dernier, en libérant, d’ici la fin de l’année, tous les détenus de conscience incarcérés par la précédente junte militaire, au pouvoir jusqu’en 2011.
Des libérations non sans arrière-pensées politiques
Tout n’est pas parfait : le gouvernement, lui aussi, emprisonne, principalement des activistes qui manifestent sans avoir pu obtenir les autorisations nécessaires. En septembre dernier, il y a même eu plus d’arrestations pour des motifs politiques que de libérations en Birmanie.
Aujourd’hui, plus de 200 opposants attendent de passer en jugement, signe que le pouvoir n’est pas encore prêt à accorder aux birmans une liberté d’expression totale. Le gouvernement met toujours sous les verrous pour faire taire et utilise les détenus de conscience comme monnaie d’échange. Notamment pour arracher des concessions aux puissances occidentales - cette dernière amnistie politique coïncide avec l'arrivée sur place d'une délégation de l'Union européenne, qui a augmenté son aide en réponse aux précédentes libérations - ainsi qu'aux groupes ethniques rebelles, en négociant leur libération.