La proposition soumise par le député conservateur Shin Eui-jin définit les jeux en ligne comme l’un des «quatre principaux vices», aux côtés de l’alcool, des drogues, et des paris. Sa loi prévoit de créer une commission de régulation des jeux, et d’offrir un traitement médical aux joueurs considérés comme dépendants. Si elle est votée, elle se rajoutera à une longue liste de régulations très fortes qui existent déjà en Corée du Sud. La plus célèbre, surnommée «Loi Cendrillon», coupe l’accès aux jeux en ligne pour les joueurs de moins de 16 ans entre minuit et 6h.
Les internautes sud-coréens furieux
Sur les réseaux sociaux, le projet est descendu en flèche. «Les gens développent une peur irrationnelle face à tout ce qu’ils ne comprennent pas», proteste un joueur via Twitter. Un autre rappelle qu’il ne faut pas confondre cause et symptôme, et estime que le système scolaire coréen soumet les enfants à une pression si intense qu’il ne faut pas s’étonner si ceux-ci cherchent, via les jeux, à s’échapper de la réalité. 230 000 personnes ont déjà signé une pétition en ligne pour le retrait de la loi. Quant à l’industrie du jeu vidéo, elle a déclaré que cette loi «signait son arrêt de mort». Elle brandit l’argument économique : ses exportations ont rapporté l’année dernière 3 milliard de dollars, le secteur est extrêmement dynamique et représente des dizaines de milliers d’emplois. Les éditeurs de jeux assurent que les régulations existantes les rendent déjà de moins en moins compétitifs face à leurs concurrents étrangers.
Une lutte nationale contre l'addiction au net
Les psychologues sud-coréens observent en effet chez certains jeunes qui passent trop de temps en ligne des phénomènes d’isolement très fort, voire même de désocialisation. Certains enfants éprouvent de grandes difficultés à interagir avec leur entourage dans la vraie vie. Mais des internautes font remarquer que les parents ont sans doute un rôle à jouer face à ce problème, plutôt que l’Etat. Et ce qui constitue un paradoxe très fort, c’est que le gouvernement, tout en exprimant son inquiétude face aux jeux en ligne, a aussi pour projet de remplacer dans les écoles tous les livres par des tablettes. Ce qui, en pratique, va obliger les petits Sud-Coréens à utiliser des ordinateurs de plus en plus tôt. Ce qui, selon des psychologues, serait très nocif au développement des enfants ! Cette grande lutte nationale contre l’addiction au net en Corée du Sud semble manquer un peu de cohérence.
Pour en savoir plus :
- Une pétition en ligne a été lancée contre le projet de loi
- Les réactions des internautes sur le projet de loi sud-coréen