Chine: six ans de prison pour le pétitionnaire «kamikaze» de l'aéroport de Pékin

Un tribunal de Pékin a condamné, ce 15 octobre, à six ans de prison un Chinois handicapé qui avait fait exploser une bombe artisanale à l’aéroport de la capitale en juillet 2013. Le « kamikaze », paralysé suite à des violences policières il y a quelques années, voulait attirer l’attention sur sa situation. Et, malgré la compassion manifestée par l’opinion chinoise, le tribunal l’a reconnu coupable.

Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde

La vidéo ne dure qu’une poignée de secondes : un homme en fauteuil roulant demande aux personnes autour de lui de s’écarter avant de faire exploser son engin artisanal, et de se blesser lui-même ainsi qu’un policier qui s’était précipité pour tenter de l’arrêter.

C’était le 20 juillet dernier à l’aéroport de la capitale chinoise, un geste désespéré qualifié ce matin lors du verdict « d’attentat » par les juges du tribunal de Chaoyang à Pékin. Ji Zhongxin, âgé de 33 ans selon l’agence Chine Nouvelle, passera donc six ans derrière les barreaux après s’être présenté lors de son procès le mois dernier, sur un lit médicalisé et amputé de la main gauche perdue dans l’explosion.

Ji Zhongxin avait alors amèrement regretté son geste, affirmant qu’il s’agissait d’un accident et plaidant non coupable. Un argument rejeté ce mardi par la cour qui craint probablement la contagion en cas de jugement clément. Cet ancien chauffeur de moto taxi illégal de Dongguan dans le sud du pays s’est en effet retrouvé paralysé après avoir été battu par les policiers en 2005 et comme de très nombreux pétitionnaires chinois, il avait depuis perdu totalement espoir d’obtenir justice.

100 000 yuans de dédommagements

Le bureau des pétitions de Dongguan a ignoré ses plaintes, écrivait Liu Xiaoyuan son avocat sur son compte Weibo (le Twitter chinois). Quelques heures après l’explosion cet été, le bureau en question avait répondu par communiqué qu’il avait donné « 100 000 yuans de dédommagements » à la victime en échange de l’abandon des poursuites. « Réclamer réparation doit se faire d’une manière légale, rationnelle et ordonnée [...] Personne ne doit empiéter sur les droits d’autrui ou mettre le public en danger par des actions extrêmes sous prétexte de défendre ses droits », a fait savoir le tribunal sur son compte microblog ce mardi.

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