Chine: le géant Foxconn de nouveau sous le feu des critiques

Foxconn reconnait avoir enfreint ses propres règlements à l’intérieur de ses usines de Chine continentale. Dans un communiqué publié jeudi soir, le géant de l’électronique taïwanais confesse que des élèves stagiaires ont pu travailler la nuit et effectuer des heures supplémentaires en infraction à ses propres règlements. Ces aveux interviennent à la suite de révélations dans la presse chinoise.

Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde

Des étudiants qui tombent dans les pommes, d’autres qui finissent à l’hôpital, exténués... Décidément, les chaines de montage du géant de l’électronique taïwanais ne sont pas de tout repos. Car au départ, ce sont bien des stages en entreprise que devaient effectuer ces élèves venus de la prestigieuse Université des Technologies de Xi’an, dans le centre de la Chine.

Un billet de train pour traverser le pays et rejoindre les usines Foxconn de Yantai sur la côte Est, au total près de 1000 étudiants ont effectué ces stages inscrits dans leur cursus. Et pas question de refuser ! Les stages se sont terminés jeudi 10 octobre, depuis les langues se délient sur Internet.

« J’ai travaillé là-bas deux mois et je n’ai pas été payé, raconte ainsi Shen Zhen Bao. L’Université menace de nous retirer six points et de ne pas nous donner nos diplômes si nous ne terminons pas le stage. » Entre le premier et le 10 septembre, « quatre stagiaires sur 246 se sont évanouis sur les chaines de montage, poursuit Fei Ying Qian Xun ».

« L'impression d'être un robot »

Le quotidien Le Matin de l’Est évoque le cas d’étudiants affectés sur les chaines d’assemblage de la PlayStation de Sony, d’autres contraints de coller des étiquettes sur les emballages sans lien direct avec leur qualification. « J’étais chargée de l’inspection qualité, témoigne Wang Yiran, et j’avais l’impression d’être un robot » confie encore cette étudiante, qui déclare avoir travaillé 11 h par jour, avec deux pauses de 10 minutes le matin et l’après-midi.

En manque constant de main-d’œuvre, ce n’est pas la première fois que le premier sous-traitant mondial des géants de l’électronique a recours aux stagiaires. Foxconn emploie plus d’un million de personnes en Chine et reconnait avoir enfreint ses propres règlements en employant certains élèves stagiaires la nuit, avec parfois de nombreuses heures supplémentaires.

« S'agissant des allégations récentes visant le programme de stagiaires sur notre campus de Yantai, nous avons mené une enquête interne et avons conclu à l'existence d'incidents pour lesquels notre code de conduite concernant les heures supplémentaires et le service de nuit n'avait pas été respecté », indique le communiqué du groupe.

Les universités décriées

En octobre de l’année dernière, plusieurs écoles de la région de Yantai ont reconnu envoyer leurs élèves en stage chez Foxconn. Résultat, ce sont les institutions scolaires qui font aujourd’hui l’objet de critiques.

« Personne n'ose aller à Foxconn, et on force les étudiants à aller dans ces usines très méchantes » se plaint Shan Tou Luo Pei Rong sur le réseau social Sina Weibo. « En Chine, les universités menacent les étudiants qui ne veulent pas faire de stages. Le gouvernement doit mener une enquête dans les universités », estime Veeson, à l’unisson de nombreux internautes qui se demandent où est passé l’argent des stagiaires.

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