Rentrée parlementaire tendue au Cambodge

Ambiance électrique au Cambodge alors que l'opposition menée par Sam Rainsy conteste le résultat des élections législatives du mois de juillet et réclame un nouveau scrutin. La médiation menée par le roi il y a quelques jours n'a rien donné mais les nombreuses incertitudes concernant le maintien de cette rentrée parlementaire ont été toutes levées, la rentrée parlementaire a eu lieu, comme prévu, ce lundi 23 septembre 2013.

Avec notre correspondante au Cambodge, Stéphanie Gée

La séance inaugurale de l'Assemblée nationale s'est finalement déroulée sans surprise, sous la présidence du roi qui, dans son discours, a appelé à l'unité en présence de la majorité des représentants du corps diplomatique mais en l'absence de tous les élus de l'opposition comme annoncé.

Boycott de l'opposition

Les pressions ont été portant nombreuses pour contrarier cette rentrée parlementaire à commencer par le boycott des 55 députés de l'opposition, une menace que leur parti a brandie très tôt. Le Parti du sauvetage national de Sam Rainsy conteste les résultats du scrutin législatif du 28 juillet dernier, dénonçant une fraude électorale massive qui lui aurait volé la victoire. Le PSN avait conditionné sa participation à cette rentrée parlementaire à la satisfaction de sa requête de voir une commission d'enquête indépendante créée, une requête rejetée par le pouvoir.

L'opposition a décidé d'emmener ses troupes dans la province de Siem Reap, où, dimanche après-midi, ses députés ont prêté serment devant le célèbre temple d'Angkor Wat, s'engageant à «rester unis» et «déterminés à ne pas trahir la volonté du peuple».

L'opposition n'a eu cesse d'appeler à un report de la date de la session inaugurale de l'Assemblée nationale, notamment en réunissant quelques centaines de milliers de signatures pour une pétition dans ce sens, remise au roi. En écho, de nombreux bonzes ont aussi appelé le monarque à reporter cette séance inaugurale tant qu'aucun accord n'a été trouvé entre les deux partis en conflit. Autant de démarches restées sans lendemain.

Et maintenant ?

Ce lundi après-midi, selon la tradition, doit se tenir la cérémonie de prestation de serment des nouveaux députés au Palais royal et, demain mardi devrait être voté le nouveau gouvernement, qui devrait reconduire Hun Sen au poste de Premier ministre pour un nouveau mandat de cinq ans.

Le parti au pouvoir, le PPC, est donc allé de l'avant, comme refusant de se faire dicter l'agenda politique par l'opposition. Il estime que les résultats définitifs ont été proclamés, les institutions lui ont reconnu la victoire, l'affaire est donc close.

Il reste cependant pour certains un problème de légitimité constitutionnelle. Il est normalement besoin de la majorité quasi-absolue pour réunir la première fois l'Assemblée, ce qui n'est ici pas le cas. Pour certains juristes, cela prend la forme d'un coup d'Etat constitutionnel, et l'opposition a déjà dénoncé l'entrée dans «un régime à parti unique», avec une assemblée «anti-démocratique».

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