Avec notre correspondant à Manille, Gabriel Kahn
Les combats se poursuivent pour la dixième journée consécutive. Quelque 3 000 hommes des sections d’élite, soutenus par des blindés et des hélicoptères de combat, encerclent désormais une poignée de rebelles indépendantistes musulmans à proximité du port de Zamboanga. Deux militaires ont été tués par des snipers ce mercredi matin. De nombreuses maisons ont été brûlées ces derniers jours et environ 120 000 habitants ont été déplacés par les combats. Ils sont hébergés pour la plupart dans un stade de la ville.
Actuellement, plus de 120 otages ont été libérés au fur et à mesure que l’armée récupérait les quartiers dans lesquels s’étaient retranchés les rebelles. Selon les militaires, plus de la moitié des combattants indépendantistes ont été tués ou se sont rendus. Mais ces derniers ne s’avouent pas vaincus. Ils ont même momentanément kidnappé hier, mardi 17 septembre, le chef de la police de cette ville de près d’un million d’habitants.
Une relance de la guerre civile dans le Sud ?
De fait, ces violences surviennent alors que les Philippines n’ont jamais été aussi près d’une paix historique. Plusieurs analystes s’inquiètent des répercussions politiques de cette opération militaire. L’ancien président des Philippines, Fidel Ramos, reproche au gouvernement de n’avoir pas appliqué à la lettre l’accord de paix qu’il avait lui-même signé en 1996 avec les rebelles indépendantistes musulmans du MNLF.
Le gouvernement négocie actuellement en Malaisie un accord de paix avec un mouvement rival, le Front islamique de libération moro (MILF). Les groupes armés qui se considèrent exclus de ce nouvel accord en gestation, et en premier lieu le MNLF, menacent de s’allier et de relancer la guerre civile dans le sud de l’archipel majoritairement musulman. Et ces combats ne font qu’accentuer ce risque.