Chine: clôture du procès Bo Xilai, jugement en délibéré

Le procès Bo Xilai en Chine s'est achevé ce lundi 26 août. Le jugement a été remis à plus tard, mais d’ores et déjà le procureur a réclamé une peine sévère à l’encontre du dirigeant déchu qui, chose rare dans ce genre de procès, a nié les faits de corruption et d'abus de pouvoir dont il est accusé.

Avec notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde

Dernière ligne de défense ou dernière vindicte contre celui qui l'a fait chuter ? « Wang Lijun et mon épouse Gu Kailai étaient comme la laque et la colle », a déclaré Bo Xilai lors de cette cinquième et dernière audience, ce lundi 26 août. Cette expression, toute chinoise, sert à décrire l’état des amoureux qui ne se séparent pas d’un centimètre. « Elle faisait tout ce qu’il lui demandait (…) La vraie raison de la fuite de Wang (ndlr : au consulat américain de Chengdu) tient dans la découverte de cette relation illicite », poursuit l’ancien membre du Bureau politique du Parti communiste chinois.

Une manière de jeter le doute sur le rôle de Wang Lijun lors du meurtre du Britannique Neil Heywood pour lequel Gu Kailai a été condamnée à mort avec sursis l’année dernière. Une manière aussi de décrédibiliser aussi un peu plus ces deux témoignages capitaux pour l’accusation.

Tentatives d'humanisation

Les avocats ayant probablement conseillé à leurs clients « d’humaniser » leurs témoignages, Wang Lijun s’est déplacé au procès en chaise roulante et Bo Xilai a multiplié les références à sa vie personnelle et visiblement compliquée avec sa dernière épouse. Une « humanisation » de l’accusé que la cour a tenté de gommer en effaçant et en corrigeant encore ce matin les comptes rendus d’audience faisant allusion à des propos non directement liés aux faits incriminés.

Le plus grand scandale politique de ces trois dernières décennies en Chine a-t-il pour origine un mobile passionnel ? Le juge fait signe alors à Bo de rester concentré sur les faits. L’accusé revient sur les questions de procédure : « J’ai exprimé mon point de vue, c’est mon droit inscrit dans la loi. Si l’on n’écoute que l’avis du parquet, des gens innocents continueront à subir des injustices dans ce pays », déclare l’accusé en réponse au réquisitoire.

Jugement sous dix jours

« Les politiques clémentes » ne fonctionnent pas avec l’accusé avait déclaré un peu plus tôt le procureur, qui lui reproche d’avoir nié les « faits qui sont solides » et d’être revenu sur ces aveux. « Les preuves sont suffisantes et les faits sont suffisamment clairs pour justifier les accusations de corruption, de détournement et d’abus de pouvoir », a indiqué pour sa part l’Agence Chine nouvelle.

Le jugement a été ajourné, il devrait être prononcé sous dix jours. Mais de l'avis de nombreux experts, la peine a de toute façon déjà été décidée en dehors du tribunal par les hauts dirigeants chinois.

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