Narendra Dabholkar était un activiste connu et respecté en Inde pour le combat qu'il menait depuis des dizaines d'années contre les pratiques frauduleuses et les arnaques religieuses. Ces arnaques sont perpétrées par de nombreux hommes saints auto-proclamés qui profitent de la crédulité et de la superstition des gens pour en faire un commerce malhonnête.
Médecin de profession, décrit comme un « rationaliste » dans la presse indienne, il avait fondé l'association pour l'abolition de la superstition, tissant un réseau rassemblant des milliers de personnes à travers la région du Maharashtra. Ce réseau avait réussi à répertorier, au fil des années, les innombrables cas où des pauvres gens se faisaient exploiter, en particulier en milieu rural, par des charlatans se faisant passer pour des sages hindous. Ces faux gourous, qui sont nombreux en Inde, jouent sur les peurs, les croyances et l'ignorance des gens pour leur vendre des potions ou des rituels, que Narendra Dabholkar qualifiait volontiers de magie noire. Bien que plus rares, plusieurs cas de sacrifice humains impliquant des femmes et des enfants ont également été révélés ces dernières années, au Maharashtra et dans d'autres régions du pays.
Un assassinat prémédité
Les assassins de Narendra Dabholkar n'ont pas encore été identifiés. Ce qui est sûr c'est que le meurtre a été prémédité. Il est mort mardi matin après avoir reçu quatre balles dans le corps, tirées à bout portant. Il avait par ailleurs de nombreux ennemis, notamment les partis hindouistes, dont certains d'extrême droite et connus pour leurs actions violentes, qui accusaient Narendra Dabholkar et son organisation d'oeuvrer contre l'hindouisme, ou plus globalement d'être anti-religieux. L'activiste avait toujours vivement démenti ces accusations. Il avait notamment affirmé, dans un entretien à l'AFP il y a quelques années, que son projet de loi contre la magie noire, ne faisait aucunement mention de Dieu ou de religion. Il avait également ajouté que le droit de culte était fondamental et protégé par la Constitution indienne. Si elle est votée, cette loi permettrait simplement de poursuivre en justice les charlatans se faisant passer pour des hommes saints, qui exploitent les gens en jouant sur leurs superstitions.
Le projet de loi contre la magie en noire en discussion au Parlement régional
Le gouvernement du Maharashtra vient en effet de mettre à l'ordre du jour ce projet de loi mercredi au Parlement régional, au lendemain du meurtre de Narendra Dabholkar, qui a déclenché une vague de choc et de soutien dans l'Etat. Ca faisait pourtant huit ans que l'activiste avait présenté ce projet de loi au gouvernement, qui l'avait par ailleurs approuvé mais jamais soumis au vote. Si les partis hindouistes se sont violemment opposés à Narendra Dabholkar, qu'ils percevait comme une menace à leur idéologie, on peut également reprocher au parti du Congrès son hypocrisie. Le parti de centre gauche au pouvoir affirmait en effet soutenir l'activiste et sa campagne publiquement, mais ne voulait en réalité pas voter cette loi, de peur de perdre son électorat hindou, où, comme ont dit en Inde de « heurter les sentiments ».
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