Corée du Nord: les programmes humanitaires en panne de financement

Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a lancé vendredi 16 août un appel aux dons pour financer des programmes humanitaires en Corée du Nord. Les agences de l’ONU présentes à Pyongyang demandent quelque 74 millions d’euros pour leurs programmes nutritionnels et de santé d’ici la fin de l’année. Selon l'ONU, 2,4 millions de Nord-Coréens (10 % de la population) ont besoin d'assistance alimentaire. Mais il est de plus en plus difficile de leur venir en aide.

Le premier problème est que les pays donateurs se montrent de moins en moins enclins à aider la population d’un pays qui poursuit un programme nucléaire et balistique, et qui promet régulièrement l’apocalypse nucléaire à ses voisins. Même si, en théorie, l’aide humanitaire devrait être séparée des questions politiques. Les bailleurs de fonds critiquent aussi l’attitude du régime nord-coréen qui limite tout contact entre sa population et les travailleurs humanitaires étrangers. La conséquence est que l’ONU a demandé 123 millions d’euros cette année pour ses programmes en Corée du Nord et n’a reçu qu’un tiers de la somme.

Autre problème, les sanctions internationales votées par le Conseil de sécurité de l’ONU en mars après le troisième essai nucléaire nord-coréen. Ces sanctions visent à faire pression sur le régime pour lui faire renoncer au nucléaire, et à empêcher la prolifération de ses armements.

Des sanctions qui affectent aussi l’aide humanitaire destinée à la population

Ces sanctions ont notamment mis à l’index la Banque d’échange nord-coréenne, qui était la seule institution permettant de transférer légalement de l’argent au Nord. Même la Banque de Chine a rompu ses liens avec elle. Les ONG européennes et les agences de l’ONU qui sont présentes de façon permanente à Pyongyang se voient ainsi privées de tout moyen légal d’amener de l’argent pour leurs projets humanitaires qui viennent en aide à des millions de femmes et d’enfants nord-coréens. Ces organisations sont obligées de demander à leurs expatriés de ramener dans leurs valises de l’argent en liquide par avion depuis Pékin. Pour les organisations qui ont des frais de fonctionnement élevés, comme celles de l’ONU, la situation devient critique.

Des travailleurs humanitaires frappés à titre personnel par ces sanctions

C’est ce qui est arrivé à Andray Abrahamian, un citoyen anglais, directeur de Choson Exchange, une ONG d’aide au développement qui travaille à Pyongyang. Sa banque, la Barclays, a fermé son compte en raison de ses activités au Nord. Lui critique cette décision et même s’il comprend l’objectif des sanctions, il en souligne les effets pervers : « Les sanctions ne font pas cesser le commerce [entre la Corée du Nord et l’extérieur]. Elles le rendent juste plus souterrain. Cela profite aux banques plus petites et aux hommes d’affaires en Chine qui sont prêts à les contourner. Et puis cela affecte les pauvres types comme moi, qui travaillent pour une ONG et qui n’ont que quelques sous à la banque. Notre association est petite, nous dépensons peu. Mais quand vous gérez un projet d’un demi-million de dollars dans une province nord-coréenne, que vous y construisez des puits ou des écoles, cela devient très difficile d’amener de telles sommes dans une valise ! »

Les ONG ont demandé à l’Union européenne de trouver une solution pour poursuivre leurs activités, sans succès pour le moment.

Partager :