Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
La question au cœur du projet de loi d'amnistie est celle-là même qui pèse sur la politique thaïlandaise depuis cinq ans : l'ancien Premier ministre populiste Thaksin Shinawatra peut-il revenir en homme libre sur le sol thaïlandais ?
Thaksin a été condamné à deux ans de prison pour abus de pouvoir en 2008, et la majeure partie de sa fortune a été confisquée. Malgré son exil, il reste immensément populaire parmi les habitants des zones rurales. Sa sœur cadette, Yingluck, à la tête du gouvernement, donne l'impression de le diriger suivant les instructions de son frère.
Un retour qui fait grincer des dents
Mais pour les milieux royalistes et une partie de l'armée, un retour de Thaksin est inacceptable. Selon eux, cela provoquerait une résurgence des intenses divisions qui ont enflammé le pays à plusieurs reprises.
Le projet de loi prévoit l'amnistie de toutes les personnes poursuivies ou condamnées dans le cadre de la crise politique depuis le coup d'Etat contre Thaksin en 2006. Cela inclut les politiciens et les militaires qui ont fait tirer sur les « chemises rouges », les partisans de Thaksin en 2010. Mais peu leur importe, ils semblent préférer faire face à des poursuites judiciaires plutôt que d'ouvrir la porte à leur ennemi.