Le Japon, premier pays à tester les cellules souches iPS sur l’homme

Les autorités sanitaires du Japon viennent de donner le feu vert aux chercheurs pour qu’ils procèdent aux premiers essais cliniques de cellules souches pluripotentes induites sur l’homme. Pour cette première mondiale, les tests porteront sur une atteinte de l’œil, la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). L’enjeu est de taille puisque cette maladie est la première cause de cécité des plus de 55 ans dans les pays industrialisés.

Les recherches qui voient aujourd’hui leurs premières applications sur l’homme ont valu en 2012 le prix Nobel de médecine aux chercheurs japonais Shinya Yamanaka et britannique John Gurdon. Les deux scientifiques avaient été récompensés pour avoir mis au point une méthode qui permet de reprogrammer les cellules adultes en cellules souches pluripotentes induites (iPS). Ici, dans l’essai lancé au Japon, il s’agit de prélever des cellules de la rétine malade de patients atteints de DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge), de leur faire subir un traitement et de les leur implanter. 

Régénérer l’organe malade
 

Le traitement en question des cellules malades consiste, au vrai sens du terme, à leur faire retrouver leur état d’origine en les ramenant à un stade quasi embryonnaire. Les scientifiques vont en quelque sorte reprogrammer les cellules en les modifiant génétiquement pour qu’elles puissent à nouveau exprimer quatre gènes, des gènes qui sont normalement inactifs dans les cellules adultes.

On crée de cette façon des cellules souches pluripotentes induites. Cette opération redonne aux cellules traitées leur caractère « pluripotent », autrement dit la capacité de se différencier dans tous les types cellulaires selon le milieu dans lequel elles se trouvent. Ainsi, pour les essais menés au Japon, une fois implantées dans la rétine, les iPS devraient régénérer l’œil malade si tout se passe comme espéré.  

L’utilisation de cellules souches pluripotentes induites (iPS) présente plusieurs avantages : faciles d’accès, elles se multiplient sans limite et peuvent se différencier en tous les types de cellules de l’organisme. En outre, elles permettent de contourner les questions d’éthique soulevées par les cellules souches embryonnaires tout en possédant les mêmes caractéristiques.

Encore des inconnues

Cela dit, les iPS n’ont pas vocation à remplacer les cellules souches embryonnaires qui demeurent malgré tout des cellules physiologiques « naturelles ». La reprogrammation des cellules iPS pose en effet la question d’éventuelles mutations qui pourraient entraver leur fonctionnement. Les essais japonais qui seront conduits par la Fondation pour la recherche biomédicale et l’Innovation (Ibri) de Kobé devraient apporter des réponses à ces interrogations. 

Avec ces recherches, le Japon confirme la priorité qu’il accorde aux travaux sur les cellules iPS auxquels il alloue des financements importants. Cette première mondiale n’arrive pas par hasard, elle est la suite de résultats très encourageants déjà obtenus avec ces cellules.

Le mois dernier, une équipe dirigée par le professeur Hideki Taniguchi avait annoncé avoir réussi à créer des « bourgeons » de foie à partir notamment des fameuses cellules iPS. Si ces résultats étaient confirmés, ils signeraient une sérieuse avancée vers la création d’organes artificiels pour les transplantations en même temps que la place de leader qu’entend disputer le Japon.

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